Il ne faudra pas s'attendre à un remake fidèle du grand classique des années 70, Les Pirates du métro, avec cet Attaque du métro 123, sous peine de crier au scandale. Loin des considérations autrement plus urbaines et humoristiques de son modèle, Tony Scott s'empare de cette histoire de prise d'otages dans une rame d'un métro new-yorkais. Ici, John Travolta, bien décidé à zigouiller un passager par minute si au bout d'une heure dix millions de dollars ne lui sont pas livrés. Déterminé et loin d'être né de la dernière pluie, il choisit pour interlocuteur le pauvre Denzel Washington, un simple aiguilleur qu'on a mis sur la touche après avoir trempé dans une magouille pas claire.
Nul doute qu'il ne faut voir en ce film qu'un solide divertissement estival, et de ce côté-là, la mission est pleinement remplie : le suspense est suffisamment haletant et le scénario efficace, avec un panel de séquences à la mise en scène brillante et inspirée. Cependant, il manque une densité émotionnelle et psychologique aux personnages principaux pour être pleinement happé par un face-à-face qui manque de souffle et de machiavélisme. Il faudrait surtout que Scott perde cette habitude de privilégier le regard de monteur qu'il porte sur ses oeuvres au point d'altérer celui de réalisateur, insistant depuis plusieurs films sur l'usage de ralentis pas toujours du meilleur goût, en témoigne le très indigeste Domino. Mais surtout, le cinéma de Scott est un cinéma de coupes intempestives, pensant que dynamisme rime avec rythme effréné du changement de plan. C'est avoir bien mauvaise opinion sur la valeur du-dit plan, qui prend parfois une dimension bien plus homérique si on lui laissait le temps de s'exprimer.