L'Attaque du requin à trois têtes
2.7
L'Attaque du requin à trois têtes

Film DTV (direct-to-video) de Christopher Ray (2015)

Long résumé parfaitement objectif de ce film daubé, il y aura forcément des trucs que j’aurais omis volontairement ou par inadvertance. (Pour ceux qui veulent perdre 10 minutes de lecture plutôt qu' 1h 25 de visionnage pouvant laisser quelques séquelles).


N.B: les faux-raccords sont légions et certains plans sont réutilisés à outrance.


Après le générique de début présentant les noms des personnes qui ont commis ce film on découvre un groupe de jeunes bovins qui s’encanaillent au bord d’une plage. L’occasion rêvée pour faire apparaître tout feu tout flammes la bestiole en question. Ni une ni deux, un audacieux pari est lancé entre un tocard, une lady gaga de contrebande botoxée (l’archétype de la bimbo je crois mais ils ont dû merder quelque part) et une bouée de balisage, permettant au squale de faire son apparition avec véhémence. Celui-ci décide (d’un commun accord entre les trois têtes j’imagine) d’attaquer la jeune (?) femme (??), à noter que le niveau de l’eau lui arrive au nombril impliquant au choix :



  • un problème morphologique du requin à trois têtes (pouvant gober des
    êtres humain tout entier tout en étant immergé (et invisible) dans 1
    mètre de flotte)

  • Un problème de script général

  • Ou alors une volonté inébranlable du monteur de tout foirer


Interloqué par les cris, un trio s’aventure pour voir ce qu’il se passe, il y a UN mec (qui a tenté de sauver lady gaga) qui se fait boulotter à 20 mètres de leur gueule et, là où c’est quand même fabuleux, les trois ahuris sont infoutus capable de regarder dans la même direction. Trois ahuris, requin à trois têtes, la question est vite torchée. Passons.
Du coup c’est la panique sur la plage (modérée la panique), dans cette situation vous:



  • a) Dans un élan de lucidité vous jugez qu’il serait bon de fuir à
    l’opposé du monstre

  • b) Dans un élan de stupidité vous restez immobile pensant berner au
    moins 2 des 3 têtes

  • c) Emporté par votre ivresse vous restez inconscient sur une table,
    bière à la main

  • d) Pris de panique et sanglotant vous tentez une approche acrobatique
    de la PLS en pleine mer agrippé à votre bouée de balisage


Réponses :


Les 4 propositions sont acceptées !


Quoi qu’il en soit quasiment tous les bovins servent d’amuse-gueules hormis le tocard perdu sur sa bouée de balisage. Félicitations il s’est passé 5 minutes 30 de film.


Après cette belle introduction on se focalise sur une plongeuse vêtue d’une combinaison entièrement jaune flashy (à noter qu’une fois hors de l’eau celle-ci apparaît noire), permettant une scène gratuite sur des poissons et des coraux. Néanmoins cette séquence servira de justificatif au plan "à poil" suivant, un enchaînement savamment orchestré dans la tête du réalisateur sans aucun doute. On apprend également que la plongeuse qui se déssape est docteur grâce au gros stalker qui la mate depuis l’écran de l’interphone.


Le docteur et le stalker travaillent en fait à la station de recherche Persephone, une base sous-marine qui étudie l’impact de la pollution sur la faune et la flore de la poubelle du pacifique – sorte de vortex de déchets d’après les sous-titres. Bref ils accueillent une nouvelle interne ainsi qu’un groupe d’activistes venu changer le monde, s’en suit une visite de la base plutôt chiante. À ce moment-là il faut retenir 2 choses :



  • Le Dr. Léonard arpente les couloirs et dès qu’il aperçoit quelqu’un,
    fait demi-tour, peu importe où il se rendait au départ. (Complètement
    inutile mais cette scène m’a laissé perplexe.)

  • Les activistes sont arrivés par voie maritime, LE BATEAU EST À QUAI
    AMARRÉ À UN PONTON
    , l’abruti dénommé Brad est censé garder les sacs.
    (Important pour la suite.)


On apprend que la pollution serait à l’origine de mutations inédites sur certaines espèces aquatiques (étudiées en laboratoire), elles semblent d’ailleurs perturbées par quelque chose. Grâce à sa sagacité le docteur stalker pense immédiatement à la présence d’un gros prédateur, il téléphone logiquement à la salle des contrôles pour savoir si la cause serait due à une activité sismique ou un phénomène météorologique, les gros prédateurs prenant souvent la forme de tremblement terre ou d’ouragan.
Pendant ce temps-là le fameux Brad est désormais en haut d’une espèce de poste d’observation rudimentaire et pense apercevoir une baleine (osef les sacs).


Du côté de la salle des contrôles c’est un peu la panique, quelque chose de gros apparaît sur le radar et ce n’est pas Pierre Ménès (c’était gratuit et méchant). Finalement tout le monde décide de sortir pour voir ce que c’est que ce bordel.
Brad est maintenant en train de patauger dans la flotte et LE PUTAIN DE BATEAU EST AU MILIEU DE NULLE PART. (Les sacs sont probablement perdus à tout jamais.)
Inéluctablement il finit par se faire bouffer à l’issu d’un somptueux plongeon de la part du requin qui a réussi le tour de force de tomber en piqué les têtes les premières dans 50 cm de flotte sans se briser la colonne vertébrale.
Après un léger moment de consternation, probablement à cause des CGIs, un repli stratégique s’impose et la vilaine troupe retourne fissa dans la base. Le monstre, pris dans une inextinguible envie de tout casser, se met à démolir à tout-va les fondations. Bon la team des "héros" a bien compris que le bâtiment ne tiendrait pas et ils décident de se barrer comme des crevards en laissant le pauvre Steve de la salle des contrôles se démerder avec les alertes incendies éparses à tous les niveaux. À ce moment-là il faut retenir que le Dr. Léonard, planqué dans les chiottes, s’est fait dévoré comme dans Jurassic Park à ceci près que la mâchoire venait d’en dessous. (Complètement inutile encore une fois.)


Il est temps de faire un point sur le nombre de protagonistes encore présent : le docteur, le stalker (ou le binoclard au choix), l’interne, le black de service, une scream queen quelconque, l’aventurier (il a une barbe et un bandana) et un tocard lambda (l’ex de l’interne mais on s’en fout), tout ce beau monde ayant réussi à sortir à temps avant que la base n’explose. Je vous rappelle que le bateau des activistes se trouve au milieu de n’importe où, or il s’avère que ce rafiot sera l’unique moyen de s’échapper. À partir de là sera mis en place un plan que je qualifierai de meilleur plan du monde pour s’enfuir. Sans entrer dans les détails, ils se retrouvent sur le bateau (apparemment en fin de vie) avec 30% de dommage collatéraux, à la surprise générale le black de service y passe en premier et le docteur décide de servir d’appât à requin.


Les rescapés tentent donc de s’éloigner et décident d’utiliser la radio pour lancer un signal de détresse. Une petite embarcation de pêche leur répond avec à son bord trois types dont le spectaculaire "Machete". Le temps de se mettre d’accord sur un éventuel canular la bestiole a pris pour cible une espèce de bateau à roues à aubes remplie de fêtards dévergondés (une tripotée de baltringues qui boivent du malibu dans un gobelet et qui dansent sans musique). Visiblement la pollution aurait rendu fou le squale et celui-ci dispose d’un régime alimentaire particulier puisqu’il se nourrit de canettes en aluminium en plus d’humains. Toujours dans la continuité du meilleur plan du monde pour s’enfuir, le groupe des "héros" décide alors d’aller sauver, si ce n’est au moins avertir, la troupe de débauchés. Pendant ce temps-là Machete arrive à la rescousse lancé à pleine vitesse sans aucune indication concernant les coordonnées, mais peu importe on est plus à un détail près. Le requin agresse alors le bateau à roues à aubes et en profite pour dévorer les individus – qui se sont clairement propulsés de toutes leurs forces par-dessus bord – tombés à l’eau suite aux assauts répétés.


Mais oublions un instant toute cette violence, les hectolitres de sang, le jeu d’acteur moribond, l’incohérence entres les plans et focalisons-nous sur Rosmary et Howard, un jeune couple heureux et plein de vie. La pauvre Rosmary se retrouve dans une posture tout à fait inconfortable, suspendue à la barricade à portée de mâchoire, à bout de force, implorant son cher et tendre de ne pas la lâcher (la moindre chute lui serait fatale). Les scénaristes lui auront-ils réservé un sort funeste donnant lieu à une mort grandiloquente ou bien sera-t-elle secourue au dernier moment ? Le fringant Howard, en proie à d’horribles crampes dans la main, au bord du renoncement, donne tout ce qu’il peut pour secourir sa dulcinée (elle est quand même bien gaulée la bougresse). En vain, Rosmary lâche prise. Mais c’était sans compter sur l’arrivée in extremis d’un quidam bienveillant qui la sauve de justesse de son trépas imminent. La puissance émotionnelle que dégage cette scène à travers un jeu de regards qui ne peut laisser indifférent le spectateur tétanisé dans son fauteuil, pantois devant l’effet dramatique et attendri par cette débauche de bravoure, ferait passer Shakespeare pour un dramaturge de pacotille. Cette scène est découpée habillement en trois parties et dure moins de 10 secondes.


Entretemps la bête vorace s’est chargée de l’équipage du bateau et le groupe des "héros" commence à accoster pour "aider" – selon leurs dires – les jeunes gens pris de panique car il n’y a pas de canots de sauvetages. Et là bim ! Le requin vicelard saisi à pleine dent la roue motrice et commence à faire sombrer la bicoque. Deuxième scène dramatique avec effet de ralenti, le vaillant Howard se fait happer par la salle à manger du bateau (je n’ai pas très bien compris non plus). Sa fiancée fraîchement secourue et son bienfaiteur, qui porte des sandales avec des chaussettes soit dit en passant, se retrouvent bêtement bloqués par une porte (qui mène à la salle à manger donc).


Tout ça pour se rendre compte cinq minutes plus tard qu’Howard n’est en fait qu’une énorme fiotte. Retrouvé à moitié évanoui sous des débris de table de salon par les trois pignoufs partis à sa recherche. Le reste de la troupe nouvellement formée (fusion entre les "héros" et la team Rosmary) étant partis sur les ponts supérieurs donner de l’aide aux blaireaux qui se sont blessés. On peut d’ailleurs s’interroger sur la nature des blessures subies par les victimes gisant sur le sol, elles se situent toutes entre l’épaule et la tête avec un peu de sang, comme si un catcheur fou était venu faire le coup de la corde à linge en série sur des tocards bourrés. Étrange. Putain 54 minutes de film. Après quoi le stalker y passe (en gros il glisse) suite à une énième attaque et les survivants décident finalement de retourner sur leur rafiot de merde en prenant bien soin de laisser les blessés à l’agonie.


Petit point protagonistes, il reste donc : Rosmary, Horward-la-fiotte et le type aux chaussettes-sandales, l’interne, le tocard lambda, la scream queen et l’aventurier qui décide de ne pas les suivre pour jouer les héros. Travelling parfait, musique épique, ralentis à foison, notre aventurier s’élance, hache d’incendie à la main, déterminé, vers la proue du navire. Intrépide, invincible, arrivant du mauvais côté par rapport au plan précédent, il prend son élan et jaillit invraisemblablement depuis la passerelle d’embarcation alors inclinée à 45° afin d’asséner un fulgurant coup de hache à la bestiole... Et de rester coincé dessus comme un imbécile. Lui et sa hache finiront par se faire bouffer sous les yeux ébahis de ses collègues.


Suite à ce petit détour avec la ferme intention de sauver tous ces pauvres gens (3 de récupérés, 2 de perdus, bilan positif tout de même bien que le bateau à roues soit en train de couler), la troupe, toujours poursuivie par le requin mutant, se dirige vers une sorte d’îlot. C’est alors qu’arrive Machete (qui les a surement retrouvé à l’instinct) sur son petit bateau de pêche pour mater du requin. Il s’avère que les mecs sont suffisamment armés pour faire un putsch, à noter également que le féroce Machete se met à jurer en espagnol lorsqu’il est surpris. Pendant que les bovins débarquent sur l’îlot à la nage, le trio de "pêcheurs" est en train de mitrailler du squale à tout-va. Hélas ce dernier semble insensible aux balles et en profite pour dévorer les deux sbires. Je vous épargne la succession de plans vaseux et incohérents mais on ne l’appelle pas Machete pour rien et quoi de pire qu’un mexicain en colère ; alors muni de son arme de prédilection il va réussir à se faire une des trois têtes. Hourra la bête semble hors d’état de nuire, Machete s’avance en héros sur la plage (arthrosé le héros). Malheureusement pour lui (et aussi pour moi puisque mon calvaire visuel se poursuit autant que le leur) le requin n’est toujours pas terrassé et trois vilaines petites tête repoussent, de quoi faire pâlir la plus redoutable des hydres, parce que pourquoi pas après tout.


S’en est fini de Machete, les autres gueux s’enfuient et tombent sur le tout premier tocard, le tocard originel, celui avec qui la prophétie a commen-... ah non pardon, celui du début en PLS sur sa bouée de balisage. Il semble terrorisé et chie complètement dans la colle puisque tous ses amis ont fini en charpie (au milieu de l’île oui oui). Ils vont tous partir à bord de deux barges appontées de l’autre côté de l’île, heureux, hilares, limite euphoriques (Rosmary semble bien partie pour vouloir faire un plan à trois avec le tocard originel) car pensant avoir échappés à cette plaie désormais pentacéphale. Ça devient redondant, encore une fois le monteur fait un boulot formidable, mais après une pléthore de plans incompréhensibles le requin fini par exploser littéralement une des barges (à croire qu’elle était bourrée de C4). Pas de gang-bang pour Rosmary donc.


S’en est de trop, à tout point de vue, désormais il ne s’agit plus d’échapper à la menace mais bel et bien de s’en débarrasser afin de venger leurs amis. L’interne, son ex et le touriste hollandais (seul les plus aguerris et attentifs sauront de qui je parle) concoctent un plan infaillible, attention les yeux : la pollution rend fou le requin, on va l’attirer vers le vortex de déchets avec les sacs poubelles qui sont arrivés sur notre barge par enchantement et comme ça il va s’entre-dévorer dans sa folie. Honnêtement je ne vois pas comment ça pourrait foirer. Évidemment tout part en sucette, le touriste hollandais se fait bouffer un bras en jetant les sacs poubelles, il décide de se sacrifier en nageant à l’opposé du bateau pour attirer le requin (pas du tout comme ils avaient dit dans leur plan de merde), du coup l’autre imbécile essaye d’aller le sauver mais trop tard. Finalement la fin est extrêmement mauvaise, le squale ingurgite LA canette en aluminium de trop et comme stipulé dans le script, devient fou et s’auto-dévore. Concrètement il reste deux survivants, l’interne et son ex. Éreintant.

_Capitaine
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le 4 août 2016

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