m'a laissé sur le carreau

bon, à voir les critiques et les témoignages, je dois dire d'emblée que je suis passée totalement à côté de ce film. Peut être ne suis-je pas assez "avant-gardiste" ou fan de "contre-culture" ou même assez "anti-système" pour apprécier ce genre de chose qui pour moi n'est pas du cinéma. J'ai été pourtant séduite par de nombreuses expérimentations cinématographiques et ne croit pas être si contaminée par le système commercial du 7eme art puisque justement je me suis laissée tenter par l'invitation à aller voir un film qui avait été banni des festivals et de la distribution française.
Certes la première heure de ce film est extrêmement intéressante et je reconnais là le travail d'un univers, totalement particulier, tendu et anxiogène pour ma petite sensibilité mais très bien maitrisé. La photo est indéniable, l'expérience sonore évidente (bien qu'à des moments j'aurais aimé plus de simplicité, de calme, sensation en sortant d'être allée à un concert de rock!) Le jeu de l'actrice est superbe, j'ai été prise par elle tant qu'elle était seule. Mais l'arrivée de son amant dans le manoir et leurs ébats fait basculer le film dans un propos extrême qui m'a plongée dans un trop grand malaise. Après ce long (très long!) passage érotico-poético religieux ou je ne sais quoi, où tout se mélange, je ne sais plus si elle va bien ou mal, si elle maltraite cet homme ou si c'est elle qui est maltraitée, si elle a la foi et supplie à l'aide ou bien crie de jouissance, et ça dure, ça dure, après cette séquence du film je ne savais plus où aller pour me cacher. Quelle est donc la nécessité de montrer autant de choses à la fois? Et pourquoi une pénétration sexuelle alors que le propos est si intellectuel et les images si contemplatives!? Fallait-il absolument interdire ce film aux mineures?? J'ai été emportée dans une spirale et fait un saut émotionnel si grand à ce moment là qu'après je n'ai même plus réussi à redescendre jusqu'à la fin du film. J'ai trouvé qu'il était d'une grande violence pour le spectateur. On a l'impression qu'on se délecte à déranger, juste pour déranger. Par exemple le réal (qui s'appelle réal!!) a inséré sa présence à des moments où il dit "coupez!" ou "il y a le micro dans le cadre" et on est éjectés de l'histoire, ça m'a paru très narcissique comme façon de faire, on nous sort complètement du film, on passe de l'autre côté (peut être pour ça ce titre?) de la narration, il y a comme un témoignage en soubassement de l'expérience de la réalisation (même des détails techniques sont donnés) et ça m'a demandé de jongler comme une acrobate pour tenir en même temps le fil de ce qui était en train de se passer. J'ai trouvé ce film très éprouvant, difficile à supporter pour cela. Chaque scène demande une digestion, un effort! J'en suis sortie éreintée!! J'ai dormi comme jamais après l'avoir vu.
Bon et un truc (spoiler?) qui aurait pu être évité aussi, c'est les pets, ce n'est pas du tout approprié j'avais envie de m'enfoncer dans le fauteuil tellement c'est risible et honteux (j'en ai eu des fous rires en me souvenant de ça après coup) mais quelle film bizarre où les personnages ont des gaz! C'était pas très "arty" ça. Bon heureusement qu'il y a de grandes plages de nature et de silence pour apprécier le côté calme et super profond des images (c'est ce qui m'a tenue de bout en bout ces moments de respiration) parce que dans la seconde partie du film les dialogues deviennent carrément très étranges voire abscons et franchement ce personnage d'homme aux cheveux longs m'a totalement échappé. Bref je ne peux que reconnaitre qu'il y a un travail énorme pour faire un film plus qu'original, mais un peu trop extrême pour moi je m'en suis très rapidement sentie exclue.