(Burton + Ventura + Medusa) + (Robbins + Holly Bible + Vietnam) = effroi

Hommage à Real_folk_blues. Lorsque mon compère cinéphile me dit en me tendant un Divèday « prends ça, c’est juste un chef d’œuvre », je sais que je vais passer un moment intéressant. Au pire ça ne me plaira pas, mais à aucun moment je n’aurai perdu mon temps. Il est ainsi Real, il a du goût et un mec qui aime Evil Dead 3 et voue un culte certain pour le cinoche nippon, c’est du titane en barre.


En ces tristes soirées de novembre, vive l’automne, la pluie, le vent, les ténèbres précoces, plus d’épisode de Fringe à se mettre sous la dent, allons-y pour cette fameuse échelle. Non, je ne glisse pas Fringe pour satisfaire un pari ou défendre cette série de manière gratuite : il y a un lien, un trait d’union, un homme, Bishop. Bishop est fou, a fait des expériences pas très catholiques, est au cœur d’un complot étrange, n’apprécie guère les militaires … exactement ce que je cherche à toucher du doigt après la présentation enthousiaste de Real. Je n’aurai pas mon Bishop, mais je gagnerai un Tim Robins pour explorer des thèmes similaires : j’appuie sur play.


Eject. Je reste stoïque un moment. Ah ouai, quand même. 1991-2012 : ci-gît mon bon goût. Comment suis-je passé à côté de ce film ??? Encore un peu et une fin du monde plus tard (plus que 1 mois !!!!) je ratais le coche d’une œuvre aussi puissamment fascinante.


Si je ne puis mettre 10, c’est parce que … 10 ça ne s’explique pas. 9 non plus car, parfois, la sic m’a semblé moins percutante, certains effets spéciaux ont vieilli sans avoir leur part de charme cher à ma vénération pour le stop motion si décalé et si génial. Ah, Jason et les squelettes ! Ah, Kalibos ! Ah, la Méduse (LA VRAI QUI FAIT PEUR, PAS LA SALOPE) Alors ce sera 8. Un 8 qui pourra mûrir, paisiblement, pour éclore plus tard, lorsque je le reverrai, ce film. Car il faudra renouveler l’expérience.


Je suis certain d’être passé à côté de plein de choses, de moults détails dans cette histoire à tiroir. L’avantage, c’est qu’on vient de voir il n’y a pas si longtemps le Shutter Island estampillé « Di Caprio certified » qui, d’un coup, vient de prendre une sacré claque. L’échelle de Jacob, c’est un film américain. Vous allez me dire, ça tombe sous le sens. Oui, ben non. Les USA, c’est une culture religieuse que la vieille Europe n’a plus nécessairement, surtout ici, dans notre cher hexagone. Je suis certain qu’éduqué et imprégné de cette culture protestante, le ricain pas trop con, est capable de voir bien plus de choses que moi. Les références religieuses sont légions, à commencer bien entendu par le titre. La quête mystique pour s’affranchir du cauchemar vivant qu’est devenue notre vie, c’est juste ici admirablement rendu. Alors oui, le final ne m’a pas surpris car j’ai été formé depuis le temps. Un regret de plus de ne pas avoir découvert cette œuvre plus jeune … Oui, le vétéran du Vietnam qui a été amoché, ce n’est pas non plus l’invention du siècle. Oui, l’antimilitarisme a quelque chose de touchant et totalement naïf car – attention lecteur, je ne demande à personne de partager ce qui suit alors ne le prend pas mal et ne sombre pas dans le côté obscur – l’homme étant ce qu’il est, la guerre c’est l’Homme, le guerrier sera toujours là alors être antimilitariste primaire c’est être au mieux un utopiste, au pire un crétin. Et bien pourtant, malgré tout ça, L’Echelle de Jacob est une véritable réussite, à défaut d’être un chef d’œuvre.
L’ambiance créé par Lyne est glaciale, terrible, suffocante, gênante. Cette échelle, nous l’empruntons avec Tim Robins et c’est délectablement dérangeant. Certaines scènes valent leur pesant de cacahouètes, je ne regarderai pas la prochaine seringue qui se rapprochera de moi avec autant d’assurance.


Une terreur glauque et implacable, une ambiance réflexive de haute volée. L’échelle de Jacob est une claque qu’on se prend en pleine gueule, un peu à l’image du regard de Méduse qui nous glace d’effroi avant de nous réduire au néant. Méduse, on retourne à mes premiers amours évoqués plus haut ; oui, ben non. Je parle du Regard de Méduse, de la classe incarnée homme. Real comprendra quand il verra cette œuvre qui me fit découvrir la peur …Un indice ? Le titre de cette critique. En attendant je plante mon 8, le temps devrait le bonifier.

Aqualudo
8
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le 30 avr. 2013

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