Deuxième volet de la saga culte, The Empire Strikes Back reprend les bases qu'avait posé Star Wars 3 ans plus tôt, et construit à partir de celles-ci le chef d’œuvre ultime. Le remplacement de George Lucas à la réalisation par Irvin Keshner en est la première des raisons, en effet Lucas, épuisé par la réalisation du premier volet et tous les problèmes liés à la production qu'il a connu préfère déléguer la tâche à un autre réalisateur, se contentant de garder un œil très attentif sur son bébé. Ça change déjà tout car Lucas est extrêmement limité derrière la caméra, sa mise en scène est tout ce qu'il y a de plus basique, et s'il arrive à faire merveilleusement bien illusion dans le film précédent, devant faire constamment preuve d'astuces plus intelligentes les unes que les autres pour contrer les limitations techniques et budgétaires face à lui, la prélogie sera le vrai révélateur quant à son niveau réel, et de son incroyable paresse artistique. Keshner nous offre quant à lui une réalisation dynamique pleine d'audace et sait nous présenter les enjeux sans en faire des tonnes. Ajoutons à cela un scénario signé par Leigh Brackett (qui mourra quelques semaines après avoir rendu sa première ébauche), puis remanié par le désormais légendaire Lawrence Kasdan, qui à partir de l'histoire imaginée par Lucas, utilise ses talents d'écriture pour en souligner les points forts et développer encore plus ses personnages. C'est la grande force du film, jusqu'à The Force Awakens, l'épisode V est sans doute celui où l'emprise de Lucas sur sa saga est la plus réduite, le seul épisode où une vraie collaboration entre les différentes têtes créatives du film est instaurée.


Comme dans le premier volet, la musique de John Williams est encore une fois ahurissante de créativité, on aurait pu penser qu'il reprendrait de façon paresseuse tous ses chefs d’œuvre de l'épisode précédent, mais non, à la place il crée de nouveaux classiques qui feraient presque passer sa composition précédente pour un échauffement, en particulier le thème de Yoda et surtout, ET SURTOUT, ET SURTOOOOUUUUUT La marche impériale, un thème devenu instantanément culte, faisant ressentir à la fois la puissance de l'Empire, mais aussi inspirant la crainte, collant tellement bien à Vador.


Dark Vador justement, c'est avec ce film qu'il devient définitivement l'un des plus grands méchants de l'histoire du cinéma et l'un de ses personnages les plus cultes. S'il était déjà ultra charismatique dans le premier volet, on remarque dans cette suite qu'il n'était alors pas au maximum de ses possibilités. Dans The Empire Strikes Back, David Prowse adopte une démarche beaucoup plus lourde, plus lente, il occupe beaucoup mieux son espace, ce qui le rend d'emblée plus menaçant, mais en plus de ça, la voix de James Earl Jones semble encore mieux travaillée, beaucoup plus profonde, plus lourde, et surtout moins nerveuse. Les deux acteurs incarnent parfaitement le personnage, qui subit lui aussi un développement conséquent, outre le fait qu'il se révèle être le père du héros dans une scène mythique, on en apprend plus sur lui en une scène seulement, celle-où le casque se soulève et nous révèle l'arrière de son crâne, nous montrant qu'il est a fortiori un homme comme les autres, et qu'a fortiori il est donc un homme avant tout.


Le film introduit aussi tout un tas de nouveaux personnages plus mythiques les uns que les autres (j'y peux rien si j'utilise beaucoup ce mot, 1. mon vocabulaire est limité 2. ce film ne m'aide pas vraiment). Que ce soit Yoda, minuscule marionnette verte animée et doublée par le légendaire Frank Oz, ancien maître jedi aussi sage qu'espiègle. Rarement un personnage n'en aura autant imposé, ce qui contraste évidemment avec son physique de la meilleure des façons, l'adage « ce n'est pas la taille qui compte », que me ressortent souvent mes conquêtes pour essayer de me rassurer, n'a jamais été aussi vrai qu'avec Yoda et sa profonde harmonie avec la force. Nous découvrons aussi l'espace d'une courte scène son alter ego maléfique, l'Empereur, donnant des ordres à Vador, ça vous place direct le niveau du personnage. On découvre aussi deux des personnages les plus cools de la galaxie, Boba Fett, chasseur de prime dont la réputation est telle que Vador a entendu parler de lui, et Lando Calrissian, joué par le génial Billy Dee Williams. Nouveaux personnages, mais aussi nouvelles locations, nouveaux vaisseaux, nouvelles armes, qui contribuent fortement à étendre cet univers grandiose.


On retrouve évidemment tous les protagonistes du premier volet, dont le scénario va séparer leurs aventures dès le début du film, d'un côté Luke se voit obligé de partir sur Dagobah sur ordre du fantôme d'Obi-Wan pour poursuivre sa formation de jedi, où il va rencontrer Yoda, déjà mentionné plus haut. De l'autre côté, la romance entre Han et Leia s'intensifie, les deux se tournent autour durant tout le film, niant d'abord leur attirance vis-à-vis de l'autre, avant de tout s'avouer au moment où Han se fait congelé, nous offrant une des répliques les plus cultes du cinéma. Ces deux arcs se rejoignent à la fin du film, où l'on pourra remarquer tout le chemin émotionnel parcouru par tous les personnages.


Le scénario du film est de loin le plus abouti de la saga, jusqu'à présent j'espère, et rarement un film n'aura aussi bien porté son titre, car après sa défaite cuisante avec la destruction de la première Death Star dans le volet précédent, l'Empire ne va faire que contre-attaquer ici. Il s'agit de l'épisode le plus sombre de la saga, notamment car il n'arrive que des merdes à nos héros. La poursuite du voyage initiatique de Luke est très bien amenée, Lucas pense son histoire sur plusieurs films, ce qui permet de nous offrir un long-métrage complet sur l'échec du héros principal, jamais celui-ci n'a été en contrôle, jamais n'a-t-il eu ne serait-ce qu'une chance de finir victorieux. C'est aussi en ça que le cliffhanger final est percutant,


D'un point de vue technique, The Empire Strikes Back constitue le pinacle de la saga, les effets spéciaux n'ont pas pris une ride et sont 1000 fois mieux foutus que tout ce qui suivra, que ce soit *Return of the Jed*i, ou la bouillie numérique qui vient après. La poursuite spatiale dans le champ d’astéroïdes est un exemple dans la matière, en plus d'être bien introduite (Never tell me the odds !), elle est encore aujourd'hui aussi haletante que la première fois que j'ai vu le film. De plus les décors sont grandioses, les moyens n'étant plus aussi limités, cela permet de créer des endroits magnifiques visuellement et qui semblent pleins de vie. Enfin la photographie est magnifique, ce qui est un point souvent oublié pour ce film, il faut vraiment féliciter le travail de Peter Suschitzky sur ce point.


Que dire de plus sur ce chef d’œuvre ? Pas grand chose, The Empire Strikes Back n'est pas seulement le bébé de George Lucas, c'est aussi l’œuvre de Lawrence Kasdan et d'Irvin Keschner. Rarement un film n'aura réussi à réunir toutes les clés du succès comme celui-ci l'a fait, musique parfaite, personnages mémorables, action palpitante, scénario plein de rebondissements. Cette suite de Star Wars réussi à surpasser son prédécesseur sur tous les points, ce qui encore plus incroyable quand on sait à quel point il était déjà parfait. Non seulement le meilleur film de la saga à ce jour (j'ai de gros espoirs pour le nouveau au cas où vous ne le sauriez déjà pas), mais un des meilleurs films de l'histoire tout court.

KiraYagami
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le 6 déc. 2015

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KiraYagami

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