Petit bijou RKO, film noir au budget limité (pas de tête d’affiche, 13 jours de tournage !) magnifié par une mise en scène inventive.
La majorité du film se passe dans un train, et l’on pense bien entendu à Une femme disparaît de Hitchcock : même univers clos et pourtant mobile, mêmes poursuites encombrées et étroites.
Sur un canevas de film noir on ne peut plus classique, Fleischer greffe de nombreuses innovations : caméra à l’épaule pour les scènes de bagarre (où la caméra se prend une chaussure…), très belle scène d’escalier où les perles du collier de la femme tombent jusqu’aux chaussures du tueur qui l’attend un étage en dessous, cordes à linge qui obstruent la vue…
Dans le train, l’univers confiné est exploité dans ses moindres recoins. Le thème de la double femme, brune et blonde, cher à Hitch puis De Palma, vient ajouter une saveur nouvelle à l’intrigue. Changements d’identité et rebondissements s’enchainent dans un thriller de haute volée, nerveux et resserré (le film ne dure que 71 minutes).


Dernier gage de qualité cinématographique, le traitement réservé au cadrage et aux reflets. Très construit, le film joue sur les perspectives des couloirs et le confinement des compartiments, et accorde une place croissante à l’extérieur du train : le motif de la voiture qui roule parallèlement au train sur toute la fin du film contribue grandement à la tension grandissante, sans cesse observée par transparence par les protagonistes. Point d’orgue, la ruse du flic qui observe dans le train parallèle le reflet de ce qui se passe dans le compartiment à côté de lui pour pouvoir tuer le gangster sans abimer sa belle et blonde otage.


A vivement recommander à quiconque voudrait comprendre le charme des films noirs d’après-guerre.

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le 29 sept. 2013

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Sergent_Pepper

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