(attention je spoile, mais bon tout le monde l'a vu)
Au milieu du 19ème siècle, à Bologne, un jeune enfant d'une famille nombreuse juive est enlevé à ses parents par la Saine Inquisition Catholique, au prétexte qu'il aurait été baptisé (de fait, par une servante un peu idiote qui voulait sauver son âme et qui l'a fait elle-même avec un peu d'eau avant de s'en ouvrir au curé du coin), et qu'il se doit de suivre une éducation catholique. Je vous laisse imaginer le trauma chez les parents qui vont tout faire, mais malheureusement en vain, pour tenter de récupérer leur gosse... Sacré et infatigable Marco Bellocchio qui à 84 balais continue de sortir a minima un film par an et qui propose des chefs-d'oeuvre de ce calibre, à un âge où les cinéastes sont bien souvent sénile (je fais abstraction de Manoel de Oliveira qui fut tellement hors norme sur la question). Car L'Enlèvement est bel et bien un chef-d'oeuvre, un film dans lequel Bellocchio règle ses comptes avec la religion catholique et avec (c'est une pure supposition) une éducation qu'il a sans doute reçue de force et qui a dû laisser des traces... Le film est d'une noirceur et d'une cruauté sans nom, c'est si terrible que c'est souvent difficile de s'y confronter, d'autant que le cinéaste termine son oeuvre de la manière la plus terrible qui soit, en faisant gagner la religion catholique : le gamin devenu adulte se considère vraiment comme catholique, il y consacrera sa vie jusqu'à ses 90 ans, il n'ira pas à l'enterrement de son père et tentera de convertir sa mère au catholicisme sur son lit de mort. Le cinéma de la cruauté disait Bazin... en voici un parfait et merveilleux exemple.