Dark Command

C'est la lecture d'une critique d'un de mes éclaireurs qui l'avait aussi développé sur son site You Tube (je n'en dis pas plus …) qui avait attiré mon attention sur ce western de Walsh de 1940. Et je dois dire que sans être transcendant, c'est un western globalement intéressant et bien agréable à regarder.

Walsh mêle adroitement l'Histoire et un triangle amoureux en tordant juste ce qu'il faut, le bras de l'Histoire. Car Walsh met en scène la fameuse bande de William Quantrill (William Cantrell dans le film) qui sous un uniforme sudiste, menait une bande de mercenaires pour effectuer des raids crapuleux et meurtriers au Kansas, se concrétisant en particulier par le massacre de la ville de Lawrence.

On sait de Quantrill qu'il était instruit (un professeur !) mais aussi aventureux et désireux de faire fortune par tous les moyens. La guerre de Sécession était une occasion en or. Par divers autres westerns, on sait aussi que les frères Younger et les frères James se joignirent un temps à la bande mais ceci est hors sujet dans le film … Ici, on expliquera son évolution de l'état (stable mais peu lucratif) de prof vers le statut (instable mais enrichissant) de gangster suite à un double dépit. D'abord il est mis en face d'un cow-boy texan illettré qui le bat à une élection, puis ce même cow-boy lui chipe sa fiancée, fille d'un banquier. Quand même un comble ! À quoi diable servent les études si ce n'est pas pour s'enrichir malhonnêtement et pouvoir emballer les nanas de son choix ?

Mais à côté de ce scénario qui, de mon point de vue, en vaut bien d'autres, c'est l'interprétation de ces personnages qui mérite qu'on s'y arrête.

Le personnage de l'homme illettré mais scrupuleux et honnête est interprété, on s'en doute, par un John Wayne en pleine ascension. Ici, il conserve une modestie qui lui assure les suffrages de la population et un petit aspect comique par son origine texane et ses dictons assez foireux …

Lorsqu'un quidam, cite Shakespeare avec "tout est bien qui finit bien", notre John Wayne répond benoitement

"Shakespeare... Ah oui, il était Texan, il y a longtemps qu’on dit ça là-bas"

Face à lui, le dénommé Cantrell (Quantrill), c'est Walter Pidgeon avec son allure très smart et sa petite moustache à qui on donnerait bien le bon dieu sans confession.

Et face aux deux hommes, c'est Claire Trevor dont le cœur balance.

Mais je voudrais bien citer deux seconds rôles fort intéressants :

George Hayes dans le rôle du dentiste ou chirurgien improbable, compagnon de fortune de John Wayne dont le personnage me semble être un précurseur de ces rôles très westerniens que tiendront bientôt Walter Brennan ou d'autres …

Et puis, Marjorie Main, qui tient le rôle de la mère de Cantrell. La relation entre mère et fils amène une touche tragique dans ce western. Déguisée au début en bonne ou gouvernante car son fils en a honte, elle se transforme peu à peu en un miroir révélant l'ignominie de son fils. La honte change de camp.

Oui, pour finir, c'est un western que j'ai pris plaisir à découvrir et qui mérite le détour pour son contenu moral, certes, mais aussi pour sa mise en scène dynamique avec force chevauchées et poursuites haletantes (la chute du chariot dans le fleuve)