Il est frais mon Requin

Il aura donc fallut attendre la troisième mission de Roger Moore pour que celle-ci fasse pratiquement l'unanimité au sein de la critique. Un succès justifié étant donné que "The Spy Who Loved Me" est tout simplement l'un des meilleurs si pas le meilleur Bond avec Moore.

Il faut dire que ce dixième opus commence très fort. Balançant dès le début une scène d'introduction on ne peut plus culte pour la saga. L'action se met rapidement en place, avec une poursuite de ski très bien filmée, dynamique et aux cascades réussies. Ensuite arrive le grand saut, le parachute de l'Angleterre se déploie, et le générique se met en place. Ce dernier est d'ailleurs une pure réussite, le tout bien accompagné du thème Nobody Does It Better, de Carly Simon.

Passé ce générique, le film continue dans sa lancée. Proposant une première heure sublime où tout s'enchaine parfaitement. Les paysages sont également magnifiques et très diversifiés. La partie en Egypte est surement l'une des meilleures du film et c'est également la première grande apparition de l'un des plus emblématiques méchants Bondien. Un certain Requin. 2 mètres 18, dents d'acier, muet, personnage imposant, il est tout simplement un pur Bad Guy comme on les aime! Le bras droit par excellence, le mec invincible, celui qui peut te détruire une voiture rien qu'avec ses bras, celui que tu préfères ne pas rencontrer sur ton chemin.
Si on retient principalement Requin, il ne faut tout de même pas oublier le grand méchant du film, Karl Stromberg (Curd Jürgens). Egalement très réussi, cruel et mégalomane, Karl est cependant relégué au second plan, face à la concurrence poissonnière. Heureusement, il possède une base "secrète" époustouflante, (l'un des plus beaux décors de la franchise) qui le rend plus marquant.
Roger Moore est une fois encore convaincant dans son rôle. Plus à l'aise que pour ses précédents Bond, il prend un certain plaisir à incarner 007 n'hésitant pas à rendre son personnage une fois de plus blagueur. Quant à la James Bond Girl, l'agent Triple X, elle livre un très beau duel/duo avec 007. Une fois du bon côté, une fois de l'autre, c'est une relation qui fonctionne à merveille à l'écran. Campée par Barbara Bach, cette Bond Girl occupe un personnage beaucoup plus travaillé (enfin). On est désormais loin des Bond Girls potiches des 3 précédents opus. A croire que tous les défauts de ceux-ci ont été corrigés.
Quant à la deuxième heure, peut-être moins magique que la première, elle s'avère tout de même de qualité et met en place un final très réussi, explosif à souhait.

Si "L'espion qui m'aimait" apparaît comme une sorte de remake non-assumé d'On ne vit que deux fois, il n'en demeure pas moins supérieur à celui-ci. Tous deux réalisés par Lewis Gilbert, on sent que ce dernier a mis le paquet pour cette dixième mission. Plus spectaculaire que son précédent Bond, Lewis livre ici une excellente réalisation, profitant des superbes paysages ainsi que des magnifiques décors de Ken Adams (base de Karl, Liparus,...). C'est également un des premiers Bond de Moore à mettre en avant les gadgets de Q. Ainsi, celui-ci nous gâte avec sa cultissime Lotus. La voiture amphibie par excellence.

L'espion qui m'aimait est donc une pure réussite. C'est un Bond (avec Moore) très efficace qui aura enfin connu un bonne réputation. Malheureusement, le prochain va diviser net. Si on pouvait croire que la saga allait continuer sur sa lancée, Moonraker prouve le contraire (bien que je le trouve assez sympathique).