Evoquer l'Enfance dans un film est toujours délicat car il faut pouvoir y retranscrire toute la fragilité mais aussi la force qui y réside, l'innocence et l'imaginaire dévorant. L'Enfance est un sujet inépuisable, mystérieux, sacrifié par l'âge adulte. L'Esprit de la Ruche tente d'en développer l'essence, au cœur d'une Espagne meurtrie par la guerre. Je ne m'étendrai pas sur ce dernier aspect, tant il m'a été difficile de faire vraiment le lien entre l'histoire et l'Histoire dans ce film.

De toute façon, celle qui touche ici c'est Anna Torrent, fillette aux yeux de suie, cheveux aux vents, mutique parfois, mais pressante de questions lorsqu'il le faut. La petite Anna découvre avec sa sœur Isabel, le film Frankenstein lors d'une projection organisée dans son village. Fascinée par ce monstre étrange et naïf, elle va questionner son aînée pour en savoir plus. Existe-t-il vraiment ? Peut-elle le voir ? Bien évidemment, dans le simple but d'effrayer sa petite sœur, Isabel lui explique que ce dernier est un esprit qui ne se montre que la nuit lorsque lui-même le souhaite.

Alors non, ce n'est pas un film d'épouvante, c'est un film sur l'imaginaire enfantin et sur l'incroyable capacité des gamins à s'adapter à tout, à posséder une crédulité teintée d'une lucidité cruelle.
Les adultes sont quasiment absents du film et n'ont eu, pour ma part, presque aucun intérêt, outre celui de rendre plus éclatants les personnages des enfants. Les deux sœurs s'élèvent presque seules, le père trop occupé à sa ruche, et la mère perdue dans une relation à distance ambiguë (j'avoue ne pas avoir bien compris son histoire à elle, mais dans le fond, ça ne m'a pas dérangée).

Le défaut de ce film est sans nul doute sa lenteur, qui se révèle aussi une de ses qualités, paradoxalement. Il y a des plans vraiment très beaux, mais le tout manque tout de même de rythme. J'ai vu ce film assez tard dans la soirée et j'avoue avoir parfois frôlé la somnolence. Car malheureusement, au-delà du magnifique portrait de mômes, l'histoire en elle-même est peu convaincante et assez fine. C'est assez dommage car l'Esprit de la Ruche aurait pu gagner quelques points en développant un tissu narratif plus consistant, nourrissant ses caractères d'un peu plus de profondeur.

Un dernier point (positif) pour la musique, absolument parfaite, tout à fait terrifiante. Elle renforce à merveille l'espèce d'inquiétude planante dans tout le film, comme si tout se jouait sur un fil, entre réalité et rêve éveillé.

Maintenant, il n'y a plus qu'à voir Cria Cuervos !
Before-Sunrise
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le 9 mai 2012

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Before-Sunrise

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