Le "sale type" (ça va du yakuza au flic ripou) est sans conteste la figure de proue du cinéma de Kitano. Ses films parviennent généralement à démontrer que, sous la carapace forgée par la violence et/ou la mort et/ou je ne sais quoi, il subsiste quelque part en ce salaud un être encore capable d’être ému et d’émouvoir. Ce film-ci semble s’insérer parfaitement dans la continuité et coche à première vue toutes les cases du "film émouvant de Kitano": la musique de joe hisaishi, ce lyrisme particulier et "sale type Kitano" (l'alter ego sur mesure de l'auteur).
Cette fois-ci, le sale type se mue en père de remplacement (voire en père tout court puisque le petit n'en a jamais eu) pour redonner le sourire à un enfant. Mais comme on se s'improvise pas parent en un jour le lien mettra du temps à se consolider; c'est là que le film me perd car quand vient la fin du film j'ai du mal à croire que les deux aient pu développer une vraie relation affective. Passez du temps avec quelqu'un et vous en deviendrez proche... moi je dis que tout dépend des moments que vous partagerez avec.
Kikujiro est un sale type et va effectivement se comporter comme tel et ce jusqu'à ce que les circonstances le fassent se muer en "sauveur". A partir de là, le rapprochement va se faire de manière naturelle et quand on sait ce qui s'est passé avant, c'est franchement déconcertant.
Le petit garçon a quand même failli se faire "molester" (pour être soft) , et il en fait des cauchemars; tout ça par la faute de qui?
Bref, en tenant compte de la façon dont les choses ont commencé, le rapprochement est beaucoup trop facile, il ne tient pas la route.
Ceci dit, ça reste est un "film émouvant de Kitano" donc il y a forcement une bonne mise en scène qui illustre de beaux moments. Même si la dernière partie qui peut rappeler Sonatine (en un peu plus mou) s’éternise inutilement à mon gout, le film donne envie de l'aimer.
Au final, le film en vaut le coup mais appelle au visionnage d'autres films du bonhomme qui réussissent là ou celui-ci échoue, ces films qui réussissent à me faire aimer ces "sales types".