S’il y a une chose qui est compréhensible au bout de quinze minutes quand on regarde un film réalisé par Kitano Takeshi, c’est qu’il n’y a qu’une chose qui l’intéresse : les outsiders, les exilés, les gens dont personne ne veut réellement.


        Dans Kikujiro no Natsu, ses personnages sont un peu moins seuls qu’à l’accoutumée, mais Masao reste un enfant sans parents, qui ne part pas en vacances et Kikujiro un vantard marié qui n’a plus vraiment beaucoup d’amis. En repoussant le plus possible leur départ, Kitano Takeshi permet à Kishimoto Kayoko de gagner un prix d’interprétation extrêmement mérité, tant elle illumine l’écran à chaque fois qu’elle apparaît. Si ce long prologue possède quelques passages extrêmement drôles, comme la séquence des paris, c’est lorsque les deux acolytes partent en vadrouille à travers un Japon magnifiquement filmé que le film prend sa vitesse de croisière.
A grands renforts de rencontres hautes en couleurs et aussi déprimantes qu’hilarantes, Kitano Takeshi orchestre une rencontre entre ces deux outsiders, dont on sait clairement comment elle va finir, mais dont on redoute terriblement la fin des vacances et le retour à la maison. Il n’est nul question de violence ici, juste de tendresse et de soutien entre ces deux personnes, qui avaient bien chacun besoin l’un de l’autre. Kitano ne se refuse rien, même le sentimentalisme le plus exacerbé qui serait ridicule partout ailleurs s’il n’était pas expliqué par tout ce qu’on a vu auparavant. Kikujiro no Natsu part ensuite dans un troisième acte époustouflant, où la créativité folle de Kitano prend enfin toute sa splendeur, avec une demi-heure inattendue et virtuose, grâce à un supporting cast stellaire, le tout mis en musique par l’impeccable Joe Hisaishi, qui y livre sans doute une des meilleures partitions de sa carrière.
Kikujiro no Natsu est un film remarquable, un petit chef d’œuvre de road movie et de comédie de la part d’un type que l’on attendait plus sur ce terrain-là et qui retravaillera ça un peu plus tard.

Créée

le 16 août 2015

Critique lue 375 fois

2 j'aime

CeeSnipes

Écrit par

Critique lue 375 fois

2

D'autres avis sur L'Été de Kikujiro

L'Été de Kikujiro
Petitbarbu
10

J'ai un peu débordé de bonheur dans une salle de cinéma.

Summer Je profite de cette fin d'été pour rejeter un coup d’œil sur ce film de Kitano découvert récemment à la suite du Sofilm Summercamp festival à Nantes au début de l'été, dans une petite salle du...

le 21 août 2016

51 j'aime

7

L'Été de Kikujiro
LeMickeyD
9

Magnifique.

Kitano nous offre ici un magnifique conte initiatique, à la fois léger et lourd de sens. Suivant l'itinéraire d'un enfant, vivant avec sa grand-mère et parti à la recherche de sa vraie mère, on...

le 21 nov. 2010

47 j'aime

3

L'Été de Kikujiro
OkaLiptus
9

Célébration de la vie

Plénitude solaire, pantomime enjouée, traumatisme déjoué, mélancolie neutralisée, couple improbable mais authentiquement touchant, L’été de Kikujiro a tout du feel good movie qui marque les esprits...

le 30 mars 2023

45 j'aime

17

Du même critique

Orange mécanique
CeeSnipes
4

C'est facile, ça, monsieur Kubrick.

Stanley Kubrick est maintenant considéré comme un des plus grands réalisateurs de son époque. C’est assez malheureux car, malgré son grand talent indéniable, le critiquer est compliqué. ...

le 23 mai 2014

26 j'aime

13

Ring
CeeSnipes
4

Mortel ennui.

Certains pays sont reconnus pour leur cinéma d’horreur. L’Espagne, évidemment, les USA, toujours très bons, la France, pas très médiatisée et le Japon, le plus connu. Ring, le plus grand...

le 3 oct. 2012

23 j'aime

7

Les Ailes de l'enfer
CeeSnipes
10

C'est le meilleur film de tous les temps. Et vous le savez. Mais vous vous le cachez. Awefuckinsome.

Il paraît que Nicolas Cage faisait autre chose que des films d'action, jadis. En tout cas, je l'ai toujours connu comme actioner sur le retour mais sacrément bourrin. Les Ailes de l'Enfer (le titre...

le 28 août 2011

22 j'aime

4