Un bon papa !!!

Deuxième film du très méconnu, dans nos contrées, Yoshitarô Nomura, que je découvre, après l'éblouissant Le Vase de sable, qui est lui aussi adapté d'un roman de Seichō Matsumoto, avec aussi l'excellent Ken Ogata. On ne change pas une équipe qui gagne, et à raison...

Une femme qui a conçu trois enfants avec son amant n'arrive plus à faire face financièrement et psychologiquement. Ni une, ni deux, elle débarque avec les mioches, sans prévenir, chez le papa, qui tient une imprimerie pas en très bonne santé financière non plus, et les lui laisse. L'épouse du monsieur ne voit pas du tout cela d'un très bon œil, et demande à son mari de se débarrasser de sa progéniture, de vraiment s'en débarrasser...

A la question, mais cette histoire est horrible ? La réponse est ouais, complètement. Pendant un peu moins de deux heures, on va voir un homme faible, lâche et facilement dominé, essayer de "se défaire" de la chair de sa chair. Et le pire, c'est que ce pauvre type, conscient de l'horreur de ses actes, angoissés et épouvantés, va provoquer en nous et bien malgré nous de la pitié. Oui, cette fichue complexité de l'être humain et cette fichue finesse dans la mise en scène qui ne veulent pas nous faire voir un monstre entièrement inhumain. En ressort, un véritable film d'horreur psychologique sur lequel le fantôme de Dostoïevski plane souvent, où un très bref échange de regards peut être encore plus éprouvant que la pire scène de carnage dans le plus violent des films d'horreur.

Mis en scène avec sobriété, visuellement superbe (comme Le Vase de sable !), magistralement interprété, aussi bien par les enfants que par les adultes, Ken Ogata, bluffant comme à son habitude, tout comme Shima Iwashita, en mégère dans le sens le plus extrême du terme, L’Été du Démon est une nouvelle preuve pour moi que la filmographie de Yoshitarô Nomura mérite d'être beaucoup plus connue dans notre cher pays. En tous les cas, je n'ai qu'une seule envie, la creuser...