M. Gâteau, prélude à Benjamin Button
Les lumières s'éteignent au cinéma de Burlington (Toronto), des boutons tombent par milliers pour former les logos de la Warner et de Paramount. Nous sommes immergés dans le monde fantastique de Benjamin Button...
Ce film aurait très bien pu être réalisé par Tim Burton, tant le sujet et l'univers de Benjamin ressemble à celui d'un conte pour adulte, léger et sombre à la fois. Il marque la troisième collaboration de David Fincher avec son acteur fétiche Brad Pitt, qui joue le rôle de Benjamin à la perfection.
Le film commence à une période précise de l'histoire contemporaine : l'ouragan Katrina va frapper la Nouvelle-Orléans dans une heure, mais personne ne le sait encore. Une femme âgée d'environ 80 ans est allongée sur un lit, elle semble mourante. Elle s'appelle Daisy, elle sera en quelque sorte la sous-narratrice du film par l'intermédiaire de sa fille, Caroline. Daisy semble avoir un vécu qui mériterait d'être raconté et pourtant elle n'en fait rien. Elle raconte l'histoire de M. Gâteau, un homme aveugle qui fabrique des horloges d'une qualité extrême. Le maire de la Nouvelle-Orléans lui commande une horloge destinée à la gare. Il commence la construction à la naissance de son fils. Le temps passe, la guerre éclate. Son fils est appelé à partir en guerre. Un jour, M. Gâteau reçoit un télégramme : son fils est mort au champs de bataille. Il part chercher le corps de son fils à la gare. C'est avec le coeur brisé qu'il termine l'horloge. Vient alors le jour de l'inauguration de la nouvelle horloge en présence de M. Gâteau, du maire et des citoyens. L'horloge est enclenchée, l'heure est exacte mais l'aiguille tourne dans le sens inverse comme pour regagner ce temps perdu. Plus personne ne revit M. Gâteau, peut-être est-il parti en mer, seul, dans sa mélancolie.
Voilà comment commence le film : par une histoire peu ordinaire, mélancolique sur l'amour, le temps perdu, les regrets, la différence. Cette histoire est une petite introduction d'environ 35 minutes aux 2h qui vont suivre. 2h de joie, de tristesse, d'émerveillement, d'émotions pures.
Après M. Gâteau, Daisy demande à sa fille de lui lire un journal, celui de Benjamin Button. C'est là qu'intervient la voix off de Brad Pitt (Benjamin).
Nous sommes à la Nouvelle-Orléans, Benjamin naît pendant la fête nationale, sa mère meurt de l'accouchement et il ne la connaîtra jamais. Son père le regarde et voit un vieillard sous la forme d'un nourrisson, il prend peur et le laisse devant le porche d'une résidence avec 15$. Une femme noire sort et voit le bébé, elle le prend et deviendra sa mère adoptive. Cette résidence est par coïncidence? une maison de retraite. L'apparence de Benjamin ne fait nullement peur aux résidents octogénaires, qui l'apprécie d'autant plus. Benjamin au physique si particulier d'un vieillard de 80 ans a la cataracte, il est quasiment aveugle à sa naissance et ses os sont tellement durs qu'il ne peut à peine bouger. Tous le monde pense qu'il mourra du jour au lendemain, mais au contraire, il vivra et rajeunira de jour en jour.
Il grandira dans cette maison de retraite, écarté des autres enfants, Il fera la rencontre de sa vie : Daisy, une fille pleine de vie, un peu plus jeune que Benjamin, mais elle le comprend déjà. Dès le début de leur rencontre, nous savons qu'ils vont devoir traverser de nombreux obstacle avant de se retrouver. Je ne vais pas vous raconter la suite de l'histoire, j'en ai déjà trop dit, passons donc à une brève analyse du film.
Le film est divisé en plusieurs parties (la naissance, la vie et la mort) et ponctué d'une voix off très présente et essentielle à la fluidité du film. Le temps est présent tout au long du film, que ce soit par les personnages principaux, leurs évolutions, les années qui passent, les gens qui meurent, la présence d'une montre, d'une horloge, tout reflète la fatalité, la fuite du temps, le fait que rien n'est permanent. Le côté éphémère de la vie nous pousse à dépasser nos limites, créer notre propre chance, prendre en main notre destin et c'est ce que Benjamin fait. Car il sait que la fin sera difficile pour lui et pour ses proches, puisqu'il rajeunit tandis que les autres vieillissent, mais l'issue est la même pour tous.
La musique accompagne le film comme dans Big Fish de Tim Burton, d'ailleurs, ces deux films se ressemble étrangement dans la narration. La couleur est d'un ton sépia, ancien, avec des passages en noir et blanc pour les anecdotes sur "l'homme qui s'est fait frappé par la foudre 7 fois" (hilarantes et inattendues, qui rehaussent les passages trop tristes).