le 17 oct. 2025
Un soleil de plomb
C'est un truisme que d'affirmer qu'adapter Camus est plus difficile que de puiser dans Simenon, au hasard. C'est qu'il n'est pas question de trahir l'esprit de l'auteur de L'Étranger, tout en...
Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.
Il est de chaque plan, tout gravite autour de lui, et pourtant à l'inverse du soleil, c'est un centre vide. Comme un trou noir qui absorbe la lumière, insondable et mystérieux, il semble être hors du monde, hors de tout - "l'Étranger".
Formidable travail de François Ozon d'ailleurs, qui nous donne à voir un noir et blanc sublime où coexistent la beauté et la violence à parts égales, pareillement blanchies sous un soleil indifférent. Cette image monochrome nous gardant toujours à distance, conscients d'être les otages d'une fiction, comme un clin d'œil à la perception du réel par le protagoniste.
Mais comment reproduire le vide à l'écran, l'étrangeté à soi-même et l'absurde, si cher à Camus ?
Ozon tente une percée de l'opacité de son personnage à travers une caméra jalousement amoureuse, ne lâchant pas un instant l'objet de sa fascination : scrutant la moindre ombre sur son visage, le moindre signe.
Pari réussi, car malgré ses longs silences apathiques - entrecoupés de vérités brutes -, ses regards indifférents et tout son comportement taciturne, on parvient à ne pas poser de jugement sur lui. On lui trouverait presque une certaine forme de liberté, lui qui par son étrangeté aux sentiments attendus, se positionne au-delà de toute convention sociale : cette liberté sans pareille de l'inconnu au sein de la foule, du singulier face aux semblables…
Mais si étranger soit-il au monde qui l'entoure, il finit tout de même par être rattrapé par celui-ci : déclaré coupable d'un crime "à cause du soleil" (image de l'amour, chez Camus).
Ce soleil si cher à l'auteur devient ici, grâce aux images magnifiques de François Ozon, un personnage à part entière. Il s’infiltre partout : dans la chambre mortuaire, à travers le disque baigné de lumière de la rencontre amoureuse, dans la cellule du condamné… Cette lumière violente, qui perce l’ombre à chaque plan, annonce par là sa défaite. Elle embrase tout, impitoyable, comme une injonction à "aimer désespérément le monde", jusqu'au bout, malgré tout, car qu'on s'en sente étranger ou pas :
Le monde est beau, et hors de lui point de salut. Albert Camus
Créée
le 20 oct. 2025
Critique lue 1.7K fois
le 17 oct. 2025
C'est un truisme que d'affirmer qu'adapter Camus est plus difficile que de puiser dans Simenon, au hasard. C'est qu'il n'est pas question de trahir l'esprit de l'auteur de L'Étranger, tout en...
le 20 oct. 2025
Il est de chaque plan, tout gravite autour de lui, et pourtant à l'inverse du soleil, c'est un centre vide. Comme un trou noir qui absorbe la lumière, insondable et mystérieux, il semble être hors du...
le 29 oct. 2025
La mer s’ouvre comme un silence ancien, et sur ce silence s’installe un regard qui n’explique rien mais qui sait tout. La lumière se fend, lente et tranchante, creuse la peau des visages et laisse...
le 19 janv. 2013
Un livre qui, à peine terminé, entre directement à la 4ème place de mon top 10, ca mérite bien une petite explication. Lettre d'une inconnue est une oeuvre profonde, obscure et bouleversante. Et pas...
le 21 juin 2011
Ce film m'a totalement bouleversée ! Moi qui étais d'abord réticente à l'idée de le voir, j'ai fait là une de mes plus belles découvertes (merci Arte!). Le synopsis est simple mais efficace : un...
le 11 déc. 2012
Voici LE livre qui m'a fait tomber éperdument amoureuse de Simone de Beauvoir ! Moi qui m'attendais à lire un classique un peu poussiéreux et par moment ennuyeux, longuet... Il n'en est rien. Simone...
NOUVELLE APP MOBILE.
NOUVELLE EXPÉRIENCE.
Téléchargez l’app SensCritique, explorez, vibrez et partagez vos avis sur vos œuvres préférées.

À proposNotre application mobile Notre extensionAideNous contacterEmploiL'éditoCGUAmazonSOTA
© 2025 SensCritique