Quand je pense à tous ces films où je me suis ennuyée... Ce documentaire dure 1h45 et j'ai eu l'impression qu'il durait une demi-heure. Chaque seconde est passionnante, il n'y a rien à jeter.
L'idée d'écouter William Friedkin parler pendant 1h45 était d'emblée très séduisante. Le mec possède un charisme, une faconde et une culture qui en font un raconteur-né. Je pense qu'il pourrait aborder n'importe quel sujet, je suis sûre que ce serait passionnant. Si en plus, il nous parle de "L'Exorciste"...
Friedkin est un homme trop passionné pour se limiter à un making of exhautif de son film. Il nous embarque pour un voyage artistique et spirituel dont "L'Exorciste" n'est que le point de départ. Il nous parle de ses influences cinématographiques ("Ordet") et picturales (Le Caravage, Vermeer, Rembrandt, Magritte), de lumière, de son, des films des autres, de William Peter Blatty, de Jason Miller, de Max Von Sydow, de Mercedes Cambridge (la voix du démon, à coups d'alcool, d'oeufs crus et de cigarettes), de Steve McQueen en gros plan ("plus puissants qu'un paysage"), de "Citizen Kane", de Bernard Herrmann (une grosse déception), de la fin qu'il juge insatisfaisante ("comme des griffures sur un joli cuir"), de sa scène préférée (entre Ellen Burstyn et Lee J. Cobb). Il parle aussi de foi, de destin, d'instinct, de solitude humaine, de moments de grâce, et termine par le jardin zen à Kyoto.
Un des plus beaux documentaires sur le cinéma que j'ai pu voir, magnifique portrait croisé d'un chef-d'oeuvre, d'un cinéaste passionné et d'un être humain décidément passionnant.