L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, porté par un jeune héros sans charisme ne remet pas Jeunet dans les rails des bons films, après un Micmacs à tire-larigot déjà très moyen.

Ici, on se retrouve dans une Amérique moderne mais profonde où un jeune garçon surdoué se prend pour un Einstein précoce qui, au lieu d'emprunter la relativité à Poincaré, vole la théorie du mouvement perpétuel à la nature infinitésimale.

Voilà l'histoire telle qu'elle est présentée au début et telle qu'elle l'est à la fin car oui messieurs dames, le degré de surprise, de retournements de situation et de difficulté à franchir les obstacles par le jeune et prodigieux T.S. Spivet est proche de la nullité. Et si ce n'est pas nul, on se place plutôt du côté des chiffres négatifs.

Cette pauvresse scénaristique tente d'être sauvée par deux astuces. La première est un soupçon de comédie, aussi léger que lourd, et de gags aussi banals et puérils que dénués d'intérêt. On retiendra par exemple une Helena Bonham Carter plus creuse que le canon du fusil qui a tué son autre fils et habituée à griller les grilles-pains quand elle ne s'intéresse pas aux insectes.

La seconde est une tentative, veine, de développer un côté dramatique. Mais, à l'exemple de la troisième partie du discours du jeune chiard, ô grand climax de ce film, il arrive comme un cheveu sur la soupe à chaque fois et on se demande si quelques scènes, censées amener ce pathos de façon logique, n'ont pas été coupées au montage. A savoir la mort accidentelle du frère de T.S. dont je parlais plus haut, rabâchée sans arrêt mais n'ayant pourtant jamais sa place aux moments où il en est question.

On est bien loin du somptueux Delicatessen, mais la brève apparition de Dominique Pinon vient nous rappeler cette belle époque que j'espère retrouver dans le prochain film de Jeunet. Son apparition ainsi que la scène assez sympathique avec le camionneur photographe de ses auto-stoppeurs sont très sympathiques. On regrette cependant que ce dernier n'ait pas été un violeur, cela aurait pu sauver le film en donnant un véritable obstacle au héros. Au contraire, cette scène rappelle que ce n'est pas un film pour enfant (le côté puéril n'est donc le bienvenu à aucun moment) à moins que vous ne souhaitiez montrer à vos mômes que monter en stop avec des inconnus, c'est ultra cool.
EdouardWDebbie
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le 20 août 2014

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