Le Coup de la panne

Gilles Grangier à la réalisation, Henri Jeanson aux dialogues, Fernandel en vedette, de nombreuses pointures en seconds rôles (Danielle Darrieux, Jean-Pierre Marielle, Mario David, Claude Piéplu, etc.), j’ai fondu sur ce film sans me méfier. Ce n’est pas la première fois qu’un titre sympathique est en passe de passer à l’as faute de diffusion à la télévision. Et là, aïe, la mauvaise surprise ! Voilà un ensemble qui ne tient pas du tout la route. Si, dans un rôle taillé pour Gabin (à condition de revoir certains éléments), on est toujours content de retrouver Fernandel, le scénario ne suit pas. Le prétexte policier est épais comme une feuille de papier à cigarette, la romance entre Fernandel et Danielle Darrieux est insipide et le ton jamais juste. Pour un film policier, c’est trop léger. Pour une comédie, ce n’est pas drôle. Pour une romance, c’est sans saveur.

Qu’est donc allé faire tout ce beau monde dans ce film totalement bancal qui ne fonctionne jamais ? Dépourvu de rythme, sans tension policière, sans gag, le résultat, qui n'est ni une comédie ni un film policier, est forcément inodore. Henri Jeanson, pour son dernier film, n’a pas de bonnes répliques à nous sortir. Le scénario n’a ni queue ni tête et la fin, idiote, souligne les contradictions de certains personnages. L’apparition, de temps à autres, des voix off montre des signes évidents de faiblesse narrative. Fernandel, au choix, est trop pleutre face à la police ou trop sûr de lui face à ses complices pour être tout à fait crédible en malfrat. De nombreux personnages au potentiel intéressant sont totalement sacrifiés ou ne font que passer. Bref, ça ne fonctionne pas.

On se consolera avec la présence d’acteurs de talent même s’il est difficile de pardonner à Gilles Grangier de les avoir ici si mal servis. On pourra aussi apprécier le parfum toujours aussi agréable des sixties, le Honfleur de ces années-là ou certains costumes et décors. Mais c'est évidemment trop insuffisant. C’est mou, creux et ne parvient jamais à s’inscrire, à mon sens, dans le si sympathique et décrié cinéma à papa des années 50 et 60.