Soyons clair, faire des films, c’est faire des choix. L’importance de ces choix se révèle encore plus importante quand les films traitent d’une époque passée. C’est ce que L’homme au masque de fer nous prouve.
Ce n’est pas vraiment un film historique, qui parle de l’Histoire. C’est plus un film sur un mythe historique, ou plutôt deux. D’un côté les Trois Mousquetaires, Aramis, Athos, Portos et d’Artagnan. De l’autre la figure aussi fantomatique qu’anecdotique: le masque de fer. On y rajoute le plus grand roi de l’Histoire de France, Louis XIV. A première vue, l’idée semble intéressante, rien que par le titre, le film joue sur le terrain historique, le film de capes et d’épées, avec un petit côté thriller.
Mais, le film tombe vite dans les travers, deux choses le plombe : l’écriture et la mise en scène.
L’écriture du film manque d’audace. On nous sert une insupportable enflure qui sert de Louis XIV, des personnages clichés en guise de Mousquetaires, d’Artagnan étant une exception. Le film va se poser là, nous allons suivre les Avengers du XVIIème siècle en lutte contre le cruel Louis XIV. En parlant de despotisme ; s’il convient de résumer la monarchie dans L’homme au masque de fer, cela reviendrait à une sorte de caricature de dictature autocratique, dirigée par un enfant gâté. C’est très utilitaire, très injuste, même carrément faux. En fait, le film tente de se rattraper à une vérité historique, ce qui rend le rendu global doux-amer. Prenons d’Artagnan, il est à la bonne place, c’est le Capitaine de la Garde du Corps du Roi. Mais en parallèle, il va nous chercher l’hypothèse la plus farfelue sur l’identité du masque de fer.
Surtout que le masque de fer s’appelle Philippe, comme le Duc d’Orléans, le frère de Louis XIV.
Sans faire un long inventaire, l’écriture joue avec trop d’extrêmes pour être vraisemblable.
La mise en scène est également insuffisante. Ce qui est frappant ce sont les échelles de plans étranges, qui au montage, rendent le résultat global déroutant, surtout dans les scènes d’exposition. On a vraiment la sensation que le film bégaie. Le parti pris artistique est minimaliste, pourtant mettre en scène la cour de Louis XIV et le faste de la monarchie française du XVIIème siècle devrait donner des idées. La réalisation manque le coche sur ces points qui sont cruciaux, en témoigne l’interprétation ratée de Di Caprio en Louis XIV. En gros, la mise en scène manque ce côté massif et gigantesque qu’on pourrait attendre d’un film où Louis XIV est représenté. On notera le bel effort du réalisateur de tourner dans des châteaux français qui correspondent cette période du règne de Louis XIV (la cour n’est pas encore installée à Versailles).On appréciera les très jolis costumes avec des couleurs très bien choisies.
L’homme au masque de fer laisse l’image d’une œuvre inachevée. L’écriture est déséquilibrée, la mise en scène ne suit pas. Si le film reste très loin de l’étron qu’est Les Trois Mousquetaires de Paul WS Anderson, il ne s’impose pas comme un film recommandable pour autant. Le film ne s’implique pas assez et refuse de faire des choix. Sur ce plan, la série Versailles est plus intéressante pour ceux qui souhaitent regarder quelque chose sur le XVIIème siècle. S’il y a des imprécisions historiques, la série se rattrape sur le propos global de chaque saison, le jeu d’acteurs, l’écriture et la mise en scène.