Vu 3 fois en 2 semaines, je ne m'en lasse pas. SILVER LION ROCKS

Depuis une bonne dizaine d’années, le simple fait d’appliquer le nom de Quentin Tarantino permet à des projets débiles comme Hell Ride de se faire et d’être mondialement distribués. Cette fois, c’était à RZA d’en profiter.

La figure emblématique du Wu-Tang Clan décida donc de matérialiser son amour pour le Wu Xia Pian dans un film coécrit par l’insupportable Eli Roth, The Man with the Iron Fists. Tout d’abord, il faut savoir que le script originel durait 4 heures et que RZA quitta le montage 2 semaines, malade de devoir élaguer jusqu’à 1h30 de métrage. Ceci dit, on peut donc apprécier The Man with the Iron Fists à sa juste valeur : un vrai film de kung-fu aussi bête qu’il peut être. L’histoire est chaotique, le montage est horrible (ce flashback inopportun en plein milieu, mon Dieu, c’est lamentable) et les enjeux dramatiques sont difficilement compréhensibles au vu des coupes trop visibles. La mise en scène des scènes d’action est assez catastrophique : RZA ne doit pas savoir qu’on ne filme pas un combat important en haut à gauche de l’écran. De plus, se donner le role principal, c’est bien gentil. Savoir jouer, c’est mieux. Et pour un climax, il aurait pu faire plus qu’un combat tout ridicule entre Byron Mann et Rick Yune, expédié en deux temps, trois mouvements (un seul mouvement, d’ailleurs).

Ceci étant, The Man with the Iron Fists est un film d’une sympathie incroyable, presque mignon dans sa demarche, dans la mesure où RZA, avec sa connaissance encyclopédique du Wu Xia Pian, nous sort un film d’une efficacité redoutable, ne souffrant pas les multiples visions. Même s’ils sont mal filmés, les combats ont une énergie communicative, magnifiés par une musique parfaite (cette réorchestration de Shame on a Nigga, mazette…). RZA sait comment iconiser ses personnages, très travaillés et tous assez passionnants (Brass Body, quelle trouvaille !). Hormis RZA, les acteurs sont tous très réjouissants, Russell Crowe et Byron Mann cabotinent un maximum, pour le plus grand plaisir du spectateur. Mais c’est Lucy Liu, absolument fantastique en tenancière d’une maison close, qui vole le show, par ses apparitions fabuleuses et son quotient badass inégalé. Sans elle, le film ne tiendrait presque pas debout. Ses scènes sont toutes réussies, avec en point d’orgue, l’attaque des Veuves Noires.

The Man with the Iron Fists est un film raté techniquement et narrativement, mais fun en diable et surtout joussif par sa candeur et sa naïveté. RZA réalise son rêve de gosse et nous amuse pendant 1h30 durant. Et ça, c’est remarquable, surtout avec du Wu Xia Pian à l’ancienne.