Chronique en forme de mea-culpa. Je n’ai pas toujours été tendre avec les filles et les fils de qui encombrent le cinéma français. On a parfois l’impression qu’il n’y a que le piston et l’entregent, et pas du tout le talent, qui fonctionnent dans cette grande famille du septième art. Heureusement les exceptions sont là pour confirmer la règle et ravir le cinéphile qui fait donc amende honorable.

Anaïs Tellenne, la fille du journaliste Karl Zero, réalise un film remarquable qui doit plus à son talent qu’à sa généalogie, c’est réconfortant pour les grognons dans mon genre. En filmant de très près un colosse d’une grande laideur, la réalisatrice arrive à nous faire découvrir sa beauté intérieure et la pureté de son âme, un exercice rarement tenté et encore plus rarement réussi sur grand écran.

Scénario au cordeau, dialogues peu nombreux, cadrages soignés, images à la limite du réel et surtout interprétation époustouflante de Raphaël Thiéry, acteur quasiment inconnu doté d’un physique hors normes. On pense au Marty de Delbert Mann pour lequel Ernest Borgnine, autre acteur au physique peu commun, rafla un Oscar en 1956. Pour moi la ressemblance entre les deux comédiens est évidente. Espérons que Raphaël Thiéry fera une belle collecte de trophées, ce ne serait pas volé. Il faut souligner qu’il est bien accompagné par Emmanuelle Devos, comédienne lumineuse qui pousse toujours ses films vers le haut.

Qu’est-ce que la beauté ? Qu’est-ce que la laideur ? Peuvent-elles cohabiter dans un même corps ? Peut-on être aimé quand on est laid ? Comment une œuvre d’art peut-elle rendre beau un sujet qui ne l’est pas ? Autant de questions posées dans ce très beau film, chargé d’émotion mais non dénué d’humour, qui sort des sentiers battus.

Le premier long métrage d’Anaïs Tellenne est une œuvre à voir sans hésiter.

Créée

le 11 mars 2024

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