Le crépuscule de la violence

Soyons concis : j’adore les westerns, j’adore Anthony Mann et j’adore Gary Cooper. Il me paraissait difficile de ne pas accrocher à l’Homme de l’Ouest. Il y a toujours cette peur de tomber sur un film un peu mineur de ce réalisateur, je pense notamment à La Charge des tuniques bleues, mais l’Homme de l’Ouest en est très loin. C’est un western sombre et violent qui se profile avec classe dans l’horizon cinématographique des années 50.

Tout le film s’articule autour d’une trame très simple, les « retrouvailles » pas forcément jouasses entre Gary Cooper, ex-criminel, et ses anciens partenaires. Dans le western américain classique, je trouve que les postulats « simples » font des merveilles. J’ai encore en tête Le Train sifflera trois fois. Celui-ci ne déroge pas à la règle. Tout le film est une montée en puissance émotionnelle et baigne dans une tension hors-norme. L’Homme de l’Ouest est violent. On sait tous fort bien que l’Ouest est violent. Mais quelque part, voir Gary Cooper tabasser (et le mot est faible) à mort un homme décontextualise bien vite la violence de l’Ouest. Elle n’est pas « badass » comme elle l’a pu être parfois chez Sergio Leone. Elle est juste laide.

Le secret, c’est que les personnages sont travaillés. Il y a de l’épaisseur dans cette racaille. L’autre secret, c’est aussi qu’Anthony Mann est un réalisateur brillant. Très à l’aise dans son dispositif cinématographique, il rythme son film avec une grande maitrise. Il n’y a ni paresse dans son découpage ni perte de temps à se regarder filmer l’Ouest en cinémascope. C’est très pensé, ça rejoint continuellement les thématiques de son film.

L’Homme de l’Ouest s’apparente à une ode à la mort, mais il n’est pas pour autant dépourvu d’humanisme. C’est juste que je n’avais pas souvent vu Gary Cooper (ici phénoménal, forcément) comme cela. Un grand western à découvrir impérativement.