Qui est Bertrand ? Coureur ou Don juan ?
Peut-être un peu des deux où aucun des deux, parce que Bertrand il ne le sait pas lui-même, alors il va le raconter. Tout du moins, il va raconter comment il s'est trouvé.


Parce que Bertrand c'est d'abord un enfant cassé. Au père absent et inconnu répond une mère présente mais elle aussi inconnue. Absorbée par ses conquêtes, elle ne prend pas de temps pour s'occuper de Bertrand, ni de l'aimer comme elle aime ses amants. Mais qu'importe, comme il l'est souligné au courant du film, sa mère n'occupe à peine "qu'un chapitre" dans sa vie. Sans haine, ni rancoeur, Bertrand se construit dans les livres et la solitude, dans un mystère qui fait son élégance.


Mais il n'est pas homme à se laisser abattre, Bertrand, il s'éduque. Il cherche la réponse à la question de sa vie, à savoir qui il est. Et il choisit, pour le cours de son existence, d'apprendre à s'éduquer non pas avec une, mais d'innombrables maîtresses. Des femmes dont le rythme des jambes fait battre son coeur et dont la démarche, pareil à un compas, alignent son monde. Dont les robes dessinent le contour de son existence et dont les talons forment autant de montagne à gravir.


Aux inconnues constamment rencontrées, il peut leur parler dans le langage de l'amour qu'il connait. Celui qui s'enflamme dans la nouveauté, qui consume, puis qui ternit et qui faiblit. Il les aime, pour quelques jours, quelques mois, quelques heures, il leur offre ce qu'il a à donner, du bonheur. Et elles, ces inconnues avec des corps libres et des coeurs à apprendre, elles lui enseignent qui il est. Elles lui permettent de trouver une vérité, de savoir qu'il n'est pas différent de ces inconnues, qu'elles veulent toutes la même chose que lui. De l'amour, qui se décline dans toute une sorte d'amours, d'aimer au pluriel.


Alors Bertrand va choisir de raconter cette vérité, mais aussi toutes les autres qu'il a apprises. Il va les raconter au travers de toutes ces femmes qu'il a connues, de toutes ces femmes qui le racontent, en fait, dans leurs rencontres. Il n'est, lui, que la pluralité des amours qu'il a rencontré pour quelques jours, quelques mois et quelques heures.


Mais ce n'est d'ailleurs pas ces femmes qui racontent Bertrand. Bien qu'elles soient présentes à son enterrement, elles ne jettent chacune qu'une poignée de l'amour qu'ils ont partagé.
C'est plutôt celle qui les connait toutes. Celle qui a vu que le livre ne racontait pas des conquêtes, mais qu'il racontait un homme dans une seule et unique quête.


Celle qui le raconte le mieux, qui raconte comment il s'est trouvé, c'est en fait celle qui l'aime dans sa pluralité.

BelRiose
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le 1 mai 2021

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