Après L'amour dure trois ans en 2011, Frédéric Beigbeder réalise son deuxième film, aussi adapté d'un de ses romans, et dépeint à sa façon l'industrie de la mode. On est loin du récent The Neon Demon de Nicolas Winding Refn qui dessine plus cruellement et poétiquement ce monde pourri de l'intérieur. Ici, L'Idéal est davantage une satire sociale et politique de notre époque où une chaîne de cosmétique à la renommée mondiale recherche sa nouvelle égérie pour représenter l'Europe, suite à un énorme scandale médiatique. Bien entendu, le second degré est indispensable au risque de quitter immédiatement la salle en étant extrêmement énervé. Les personnages font partie d'une élite capitaliste, aux préoccupations nulles, où jolies filles étrangères, richesse, drogue et fiesta endiablées meublent leur quotidien. Le projet est ambitieux mais la sauce a du mal à prendre car il y a un manque cruel de subtilité et de finesse dans le tableau qui nous est dépeint. Les blagues sont pas très drôles. On a beaucoup de mal à savoir si c'est du lard ou du cochon pendant tout le film mais heureusement le jeu des acteurs apportent le strict nécessaire pour nous faire entendre "on y va à fond mais on rigole". Merci surtout à Audrey Fleurot qui s'en sort très bien dans ce rôle de vice-présidente de multi-nationale stricte et frigide. Gaspard Proust a enfin appris à aligner deux mots sans avoir l'air d'un amateur et Jonathan Lambert passe malheureusement à la trappe dans ce rôle bouffi de clichés ayant tendance à verser dans une caricature ridicule. Quelques bonnes idées osées apparaissent par-ci par-là, mal exploitées certes, et trop brèves, souvent trop stéréotypées pour qu'on y croit. Mais le temps semble long, trop long car on ne rigole pas assez, voire pas du tout. Le thème tardif de la paternité est sensé donner de la valeur au film mais c'est maladroit, et donc pas touchant. Néanmoins, la rébellion de la scène finale est bienvenue et vient ponctuer le geste grossier de l'affiche, que ce soit envers le film qui nous a déçu suite à un 99 francs cinglant ou envers ce monde de la beauté qui nous envahit tous les jours par ses pubs et affiches mensongères car artificielles...