"Maintenant, nous sommes devenus des Hommes !"

Honnêtement, je comprend pas trop la haine sur ce film, je trouve qu'il est correct même par rapport à la version de 1977 (en plus d'être mieux ancré dans sa position javanaise).

Les costumes, bien qu'inégaux, sont d'assez bonnes factures et on a de bons rebondissements :

Le docteur est lui-même assez original et calme et loin du tyran paternaliste méchant de façon unidimensionnelle. Il reste toutefois proche du scientifique "fou" et du privilégié à la romaine antique.

Y a que les messages qui virent entre nuances et ambiguïtés qui peuvent nuire au film : tantôt on présente Moreau comme Satan par Douglas et sa pseudo-morale chrétienne facilement outrée par les manipulations génétiques.

Et tantôt on dit qu'il avait raison de réprimer les besoins de révolte des "humanimaux" (à un point où on se croirait dans La Ferme des Animaux de George Orwell version dessin animé anticommuniste financé par la CIA)

On pourrait toutefois aussi voir ça comme une métaphore sur le cycle de la violence : maltraite tes "enfants", ceux-ci se vengeront sur toi et les autres. Même avec une "loi" pavée de bonnes intentions (rappelée par un bouc prêtre).

On montre aussi comment le complexe de supériorité gourou de Moreau a rendu les humanimaux révoltés dignes des pires humains armés et violents contre leurs congénères.

Déjà qu'il y avait des inégalités de traitement entre hybrides (Azazello et les proches de Moreau ont le droit à de beaux habits, pas de dépendances aux drogues, et peuvent limite manger de la viande contrairement aux autres).

Pas étonnant que les autres se révoltent mais finissent par adopter de mauvais comportements violents et jaloux envers les uns les autres au final (comme entre êtres humains).

Maintenant, nous sommes devenus des hommes.

Au fond, tout cela ne serait probablement pas arrivé si Moreau n'avait pas implanté des puces électriques sur ses hybrides, les faisant questionner le pourquoi de la souffrance et leur donnant des frustrations et des pulsions et instincts réprimés.

Pourquoi, Père ? Pourquoi ??

Pour un film jugé mauvais ou nanardesque, je l'ai trouvé assez nuancé voire philosophique d'une certaine manière. Il peut être ridicule par moments, mais a le mérite de faire poser des questionnements sur la part animale et humaine et sur leurs contradictions.