Quoi de Neuf sur le Front de la Connerie ?

Il est toujours difficile d'appréhender et noter un film comme Trail of the screaming Forhead qui porte si fièrement en étendard la connerie de son concept totalement Z qu'il échappe comme une anguille dans les mains d'un lépreux à toute analyse critique classique. L'Invasion des Fronts Hurlants est complétement stupide et mauvais mais comme il s'amuse à l'être cela est il de facto une vraie réussite ?

Le film de Larry Blamire nous plonge dans la petite ville tranquille de Longhead Bay qui subit l'attaque d'un curieux envahisseur de l'espace prenant la forme d'un front rampant capable de prendre le contrôle des humains en venant se coller sur le haut de leurs têtes. Dans le même temps une scientifique persuadée que l'intelligence est située sur le front en non dans le cerveau fait de curieuses expériences sur son cobaye de collègue afin d'en développer démesurément le front.

L'Invasion des Fronts Hurlants est une parodie des films de science fiction fauchés des années 50 et des séries Z aux concepts improbables. De toute évidence le réalisateur Larry Blamire s'amuse beaucoup à reconstituer l'ambiance fifties de cette petite communauté avec scientifiques misogynes, femmes au foyer, héros bienveillants , bibliothécaire coincée et détective en imper et chapeau feutre. Les effets spéciaux ringards comme ils se doivent de l'être se limitent le plus souvent à voir ramper un morceau de latex avant que ce dernier se retrouve collé grossièrement sur le front des comédiens divisant ainsi la population de Longhead Bay entre les fronts plats et les fronts bombés. Le scientifique subissant les expérimentations de sa collègue bénéficie d'effets de maquillage un peu plus amusants et élaborés pour finir avec une tête de choux fleur énorme comme sur l'affiche du film. Niveau humour le film joue donc beaucoup sur le décalage et le ridicule tant de ses piètres effets spéciaux que de ses comédiens qui surjouent avec bonheur des personnages délibérément caricaturaux. La version française du film est bourré de jeux de mots tous plus consternants (et donc drôles) les uns que les autres épuisant à peu près tout ce qu'on pourrait imaginer autour du mot front de "Ainsi front front front les petits marionnettes" à "Napoléofront" en passant par "Ils ne front pas de vieux os " , pour varier les plaisirs on trouve aussi un personnage prénommé Nick ce qui laisse une nouvelle fois la porte ouverte à de nombreux calembours mon préféré restant "Tu as peur que je te pique Nick". L'Invasion des Fronts Hurlants est donc très con mais il est parfois assez drôle comme lorsque cette petite communauté de fronts bombés décide de se faire plus discrète en abordant un magnifique petit chapeau à voilette pour dissimuler la coupable protubérance en haut de leurs crânes.

La limite de ce genre d'exercice parodique qui revendique sa connerie comme hommage c'est que ça reste globalement aussi artificiel que parfaitement idiot. Je préférerai toujours la poésie d'un mauvais film stupide fait avec la conviction d'être bon qu'un mauvais film idiot réalisé avec la roublardise d'une connerie parfaitement calibrée. Dans le cas du film de Larry Blamire, l'exercice parodique fonctionne plutôt bien et j'ai la sensation que le réalisateur ne se vautre pas non plus dans le grand n'importe quoi fait n'importe comment pour simplement plaire aux amateurs de séries Z peu regardant. On ne bouderas pas non plus son plaisir de retrouver dans de courts rôles Dick Miller fidèle complice de Joe Dante et surtout Kevin McCarthy (L'Invasion des profanateurs de Sépultures) dans un de ses tout dernier rôle.

L'Invasion des Fronts Hurlants reste un petit film sympathique et sans grandes prétentions qui fera sourire les plus indulgents de spectateurs et les amateurs de curiosités, de calembours moisis et de séries Z . Moins ouvertement cynique, roublard et mercantile qu'un film de requin numérique tout pourri le film de Larry Blamire s'inscrit toutefois un peu dans la même démarche un peu limitée et discutable de faire mauvais pour faire cool.