Adaptation d’une pièce de théâtre à succès, L’Invité ressemble à s’y méprendre au cinéma de Francis Veber. Un film de personnages avec des situations mettant le dialogue en vedette et soulignant les contrastes de caractère. Là où beaucoup évoquent Le Dîner de con, on pense davantage au Placard. Au-delà de la présence de Daniel Auteuil en garçon un peu naïf et de Thierry Lhermitte (déjà en charge de la communication), c’est plus la satire sociale sous-jacente qui pousse à la comparaison. L’écriture n’a cependant pas le sens de la mécanique chère à Veber. Ici tout est sur-écrit, les bons mots trop peu nombreux et les scènes franchement drôles bien rares. La faute principalement à des personnages pas assez bien définis et, du coup, difficiles à cerner. Certains traits sont trop appuyés, d’autres trop fuyants.
Le meilleur personnage est incontestablement celui joué par Valérie Lemercier, certes sans surprise mais jamais insaisissable. Ceux de Daniel Auteuil et de Thierry Lhermitte servent trop d’eau tiède pour avoir envie de se moquer d’eux ou pour susciter l’empathie. Le premier est parfois trop odieux pour être un vrai gentil ; le second en fait trop pour être un pauvre type. Pas convaincant dans son duo principal, le film est, de fait, voué à l’échec. Porté de manière artificielle par des chansons de Clo-Clo (qui apportent peu de choses) pour donner du rythme, plombé par une fin qui apporte beaucoup de confusion, handicapé par une mise en scène très approximative (que de faux raccords), l’ensemble ne peut pas tenir la distance.
Au final, le résultat est sauvé par ses interprètes qui se débattent comme ils peuvent pour rendre l’ensemble drôle et attachant. Ils y parviennent parfois mais c’est insuffisant pour gommer les trop nombreux défauts d’un film qui manque de personnalité. On notera cependant qu’on ne s’ennuie pas pendant les 1h20, ce qui engage toujours à faire preuve d’indulgence.