«Diiive, Diiiiiiiiiive»

Quel film ! Propulsé par un rythme d'enfer et un duo Clarke Gable / Burt Lancaster qui pète la classe.

Certains devraient en prendre de la graine, parce que c'est assez fou le nombre de péripéties auxquelles on a le droit en à peine 90 minutes d'écran, c'est pas compliqué, dès que le palpitant retombe, c'est reparti pour un tour.

On assiste à différentes phases bien distinctes qui s'emboîtent parfaitement pour donner du poids aux décisions des deux protagonistes en présence: qu'elles concernent le commandant revanchard à la tête bien faite, ou son jeune second qui lui est fortement similaire, à aucun moment on ne remet en cause leurs opinions et mine de rien c'est assez fort, surtout quand ils ne sont pas du même avis. La prise de commandement du Nerka par le premier et les exercices qu'il impose à tout le monde avant de faire comprendre à l’équipage leur intérêt en conditions réelles, c'est fort.

De manière globale, la vie dans le sous-marin, les interactions entre les personnages, et le fil rouge qui consiste à un jeu du chat et de la souris en pleine mer sont remarquables et dosés tout juste ce qu'il faut, à tous les niveaux.

Et si le film fonctionne autant, c'est aussi parce qu'un second rôle envahissant s'invite à la fête : il prend le trait de japonais vicelards en cela qu'ils ont la mauvaise habitude de couler en série les sous-marins de l'oncle Sam.

Un vrai tour de force de donner autant de poids à un ennemi que l'on ne voit finalement que très peu. Et pourtant, il est omniprésent, invisible mais bel et bien là, tout au long du film. La menace est palpable en continu, ce qui fait que lorsque les hostilités s'ouvrent, Wise n'a pas besoin d'en faire des caisses : il laisse le soin aux torpilles de faire la conversation. Conséquence directe: les scènes de bastons navales sont sèches en diable, sans dialogues superflus. Le point d'orgue du film étant à n'en pas douter ce petit baiser silencieux entre les deux ennemis. Je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler: la scène est mémorable.

Qu'est-ce que c'est appréciable de tomber sur un film aussi réussi, qui va d'un point A à un point B de la manière la plus efficace qui soit. Pas un bout de gras, des dialogues soignés, une direction d'acteurs au top et une photo aux petits oignons — certes, 64 ans plus tard, les vues extérieures des sous-marins font un peu sourire, mais ce n'est pas gênant — pour un film de divertissement parfaitement balancé.

Je recommande vivement.