Documentaire de 50 mn sur une des créatrices musicales les plus marquantes des 50 dernières années, Kate Bush. Une voix incroyable, reconnaissable en quelques notes mais aussi une écriture poétique et engagée (« Army Dreamers », une de mes préférées). Et ce documentaire porte presque plus sur son influence sur de jeunes artistes de nombreuses nationalités que sur sa manière de créer dont on ne saura pas grand-chose de plus à la fin. Il faut dire que c’est une artiste secrète afin de se protéger et qui ne donne plus d’interviews depuis longtemps. Il faut donc se contenter de celles qu’elle a accordées au début de sa carrière fulgurante en 1978 jusque dans les années 80. Avec les années 90, elle continue de sortir très sporadiquement des albums (dont le dernier en 2011) mais a refusé que la moindre image de sa série de concerts londoniens de 2012 soit prise. Un secret bien entendu à respecter et compréhensible mais au final frustrant quand il faut réaliser un documentaire. Alors, on interroge de jeunes artistes de différentes nationalités sur son influence sur leur musique et on a droit à quelques reprises (pas franchement passionnantes soyons honnête) et à des interviews qui n’apportent rien.
Sauf David Gilmour, interrogé visiblement récemment et qui raconte comment il a découvert cette jeune artiste de 18 ans dont il connaissait les parents. Se rendant chez eux, David a eu la surprise que Kate lui joue 40 ou 50 chansons ! Avant même de commencer sa carrière, elle avait écrit à peu près 200 morceaux. Et franchement que « Running that hill » (chanson fantastique, on est d’accord) soit revenue dans l’actualité en 2022 à la suite d’un épisode de « Stranger Things », reprises par des centaines voire milliers de « musiciens » à travers le monde (dans des versions souvent calamiteuses…) sur les réseaux sociaux, ça n’est guère intéressant et ça n’est pas forcément lui rendre hommage. On a pourtant droit à plusieurs minutes là-dessus, avec l'extrait de "Stranger Things" en question…Et surtout, on n’en sait pas plus sur sa façon d’écrire et de composer, ses influences très riches (le mime Lindsay Kemp, la poésie, Pink Floyd, King Crimson, des chansons celtiques traditionnelles…) : elle avoue juste en 1978 n’avoir jamais lu « Wuthering Heights » mais avoir été influencée par la série télé. C’est une artiste qui dès les années 80, pour contourner la pression que lui mettait EMI sa maison de disque, a monté son propre studio et est devenue maîtresse de ses créations de A à Z, supervisant tous les stades du processus de création musicale, au rythme qu’elle entendait. On découvre alors une femme d’affaires très avisée qui a montré l’exemple à de nombreuses artistes, queer y compris, pour s’affirmer.