Il fut un temps où l'astronomie faisait grincer les dents des autorités religieuses.
Johannes Kepler, mathématicien attitré de l'Empereur, lui-même croyant en Dieu et aux influences planétaires (mais pas à la divination astrologique elle-même), est appelé à en mission pour lire dans le ciel le proche destin du Saint-Empire Germanique.
Pour cela, on lui prête le fameux télescope de Galilée pendant 10 jours, avec autour de lui le Clergé qui piaffe d'impatience sur les "interprétations" du scientifique.


Et de ce visionnaire émane une intelligence pure et pénétrante, pleine de bon sens et de lucidité, déchirant prudemment le voile d'obscuritisme de son temps.
Tout au long de ses 10 jours (ou plutôt de ces nuits), l'astronome sous pression de l'Eglise, demeure d'une étonnante force placide, en maniant les mots avec une tranquille justesse pour neutraliser ce piège d'hérésie qui pèse sur ses épaules. Cette rhétorique habile, ce calme souverain, et une saine humilité, seront ses meilleures armes pour refroidir les impatients. Car, au-delà de la mission officielle, Kepler n'a qu'une seule idée en tête : dessiner la Lune et le ciel.


L'oeil de l'astronome commet le tour de force d'être enveloppé d'obscurité, et d'avancer sur un rythme lent sans JAMAIS être ennuyeux ou soporifique.
Bien au contraire, on est fasciné par ce défricheur d'étoiles qui doit danser avec les mots, pour continuer d'explorer tranquillement le ciel, malgré sa vision déclinante.
La réalisation est sobre, mais les dialogues sont bien ciselés, et pétris d'intelligence, portés par un Denis Lavant absolument parfait dans la peau de Kepler. Il marche constamment sur des oeufs sans jamais en briser aucun. Son calme et sa sérénité nous hypnotise, et l'on se demande tout le temps comment l'homme va se sortir de l'étau de l'Eglise menaçante.
Cette menace sourde fait le sel de l'histoire, et l'alchimie fonctionne, au point qu'à la fin du film, on devine d'avance qu'on sera amené à revisionner cette petite pépite filmique pour toutes ses qualités particulières qui la rende si savoureuse...

franckwalden
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le 22 mars 2015

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Franck Walden

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