L'Oncle de Brooklyn est à ranger avec Gummo, les nains de Herzog, voire Freaks (si l'on considère que, bouffer, roter et pérer peut aussi être considéré comme un numéro de cirque): c'est-à-dire dans la monstration de monstres. Ici, ce sont des monstres plutôt débilisés que physiquement étranges. Et si ils ont indéniablement la marque d'un lieu avec eux, les réalisateurs les ont comme décollés de leur terre pour les tirer vers le symbole ou un fictif qui semble parfois forcé par rapport à ce qu'on imagine être leur quotidien. Il ne s'agit pas bien sûr de refaire "La Terre Tremble" (quoi qu'elle tremble ici aussi à sa manière), mais une inscription documentaire plus fine aurait sans doute donné une résonance plus forte à un film qui court tout de suite à la fable didactique. Il y court non sans humour et même parfois avec un sens cinématographique de l'espace très aigu. Cela donne deux ou trois scène tout à fait mémorables (Le double enterrement, la montée au paradis finale, par ex.) qui, est-ce un hasard ?, "sauvent" le film d'une simple galerie de sketches curieux et l'inscrivent même dans une filiation du grand cinéma italien (et aussi du moins grand, celui de la satire 'sale et méchante') sans qu'elle soit pesante, juste au passage et par résonance naturelle. Un film qui, logiquement, a mille fois plus de cercueils que de femmes...

JM2LA
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le 5 nov. 2015

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