Après un passage aux États-Unis à faire le yes man pour Joel Silver sur « Gothika » et à se faire prendre en traître par la Fox et Vin Diesel sur « Babylon A.D. », Mathieu Kassovitz rentre enfin au bercail, mais c'est pour mieux repartir et poser ses valises en Nouvelle-Calédonie afin de nous raconter la prise d'otages de la grotte d'Ouvéa en avril 1988.
En charge du scénario, de la production, du montage et de la réalisation, Kassovitz enfile également l'uniforme du personnage principal, le capitaine Philippe Legorjus du GIGN, qui va tenter de négocier avec les indépendantistes Kanaks, mais l'Armée française est là en force pour rétablir l'ordre et peu à peu il se fait clair que l'assaut sera inévitable, alors qu'à des milliers de kilomètres de là une guerre politique fait rage entre Mitterrand et Chirac, respectivement président de la République et Premier ministre.
La mise en scène se veut immersive et témoigne de choix audacieux, que ce soit la séquence du flashback ou l'attaque finale, voire même tout simplement le fait de suivre le protagoniste de dos la plupart du temps, comme si le poids de lourdes responsabilités lui pesait sur les épaules. La bande son, martelée par les Tambours du Bronx, rythme la cadence pour mieux signifier avec gravité le compte à rebours funèbre. La reconstitution historique est impeccable et le jeu des acteurs se veut particulièrement réaliste – on a rarement vu des acteurs jouer des militaires aussi crédibles.
Le film se montre sans doute un peu trop grandiloquent, mais il n'en reste pas moins captivant, instructif et finalement très réussi, ce qui permet à Kassovitz de livrer sa meilleure œuvre depuis « La Haine ». La fin laisse un goût amer, mais il faut bien avouer que faire chier le gouvernement français entre les deux tours d'une élection présidentielle, c'était vraiment pour ces Kanaks le meilleur moyen de se foutre franchement dans la merde.
Une page sombre de l'Histoire de France.