Petits meurtres entre amis

Second long-métrage de Cameron Diaz qui se lance dans le cinéma indépendant après l'énorme succès de "The Mask", qui est très réussi ! Énorme four lors de sa sortie en salles (le film a même réalisé plus d'entrées en France qu'aux États-Unis), ce premier long-métrage de Stacy Title et sorti en 1995, est pourtant très bon et loin d'être si manichéen qu'il n'y parait. Car oui, on parle ici d'étudiants de gauche qui invitent, une fois par semaine, des gens de droite à dîner afin de les tuer, ou non. C'est compliqué de faire moins radical mais le film est volontairement naïf et manichéen dans sa première partie. C'est-à-dire que nous sommes confrontés à tous les clichés possibles propres aux deux bords politiques : d'un côté, des étudiants gauchistes idéalistes qui pensent pouvoir sauver le monde en imposant leur propre morale et ligne de conduite et en se prenant surtout pour des juges en décidant de qui a le droit de vie ou de mort et puis, de l'autre, nous avons des gens d'extrême droite qui sont soit nazis, bien homophobes, ne reconnaissant pas le viol etc. Et quand on voit ça, on se dit bon, c'est rigolo deux minutes mais ça ne mène pas à grand-chose, le monde n'est pas aussi manichéen (même si ces profils existent bien-sûr). Mais le film va justement se jouer de ça pour nous amener petit-à-petit à une demi-mesure assez inattendue où tout d'abord les étudiants se questionnent quant à leur geste et en invitant surtout des gens de moins en moins radicalisés, rendant leur pouvoir divin auto-attribué purement sauvage et sanguinaire (surtout représenté par un des personnages principaux). Cette idée atteint son paroxysme à la fin qui est d'ailleurs d'un cynisme assez incroyable. Il faut dire que le film est également rempli d'humour noir et notamment dans le traitement de ses personnages, ce qui apporte une bonne dose de second degré qui est la bienvenue dans un sujet comme celui-ci. "L'Ultime souper" n'est donc pas non plus un chef-d’œuvre et reste très sympathique et surtout questionne beaucoup plus qu'il n'y parait.