« The Flame of New Orleans » est un film du réalisateur français René Clair – à qui l’on doit notamment des films tels « I Married a Witch » et « It Happened Tomorrow » – sorti en 1941.


Le film s’ouvre sur la baie de la Nouvelle Orléans, au milieu du XIXe siècle. Sur les flots calmes trône une robe de mariée, triste silhouette blanche à la dérive. Cet ornement, explique le narrateur, fut retrouvé par des pêcheurs et donna naissance à la légende de la comtesse Claire.


Flashback. Nous sommes désormais à l’opéra, où tout le gratin de la ville s’est réuni pour assister à un spectacle. Troublée par la beauté (ou l’ennui, c’est selon) du récital, la belle comtesse Claire Ledoux, une européenne en visite, s’évanouit dans sa loge. Heureusement, le brave banquier Charles Giraud, qui assiste à la triste représentation dans des gradins voisins, aperçoit la défaillance de la dame, et se rue à son secours.


Une fois la comtesse remise d’aplomb et le spectacle terminé, ils se quittent cordialement. Giraud ne rêve que d’une chose : la revoir, pour le plus grand bonheur de cette dernière, qui a de la suite dans les idées.


Le film de René Clair est une comédie dont les principaux ressorts sont des personnages hauts en couleur, des situations à quiproquo et une satire sociale (très) légère.


Il se déroule dans une Nouvelle Orléans dotée d’une atmosphère tout à fait crédible. Que l’on discute dans les boudoirs de l’aristocratie locale ou bien que l’on prenne un verre dans les cafés enfumés des bas-fonds, l’ambiance du film est crédible et intéressante. C’est dans ce décor que l’on prend plaisir à suivre les péripéties de la "comtesse" ; une aventurière d’une grande beauté et bien plus maligne que la moyenne, qui joue avec les riches et les manipule avec habileté.


Autour de la comtesse gravite un ensemble de personnages – plus ou moins réussis. Ses deux soupirants, de deux mondes et caractères très différents : d’un côté, le "gentilhomme", un vieux garçon mâche, ravagé par la goutte et doté d’une famille encombrante. De l’autre, le marin, l’homme de la rue, gouailleur et hâbleur, plus rusé, mais que la beauté et le prestige de la grande dame rendent fou. Ma préférence va à la servante noire, complice en crime de la comtesse, une entrepreneuse impertinente qui ne s’en laisse pas conter. Les deux personnages masculins, il faut le dire, jouent assez mal… Le premier (Roland Young) est répugnant à souhait – cela correspond au rôle, du coup – et le second, Bruce Cabot, a de faux airs d’Harrison Ford (sans son charisme).


Globalement, le film fait mouche et est assez drôle, fonctionnant surtout sur la bêtise des personnages masculins (mais pas que, le niveau intellectuel moyen est assez bas). Il y a quelques scènes qui feraient presque penser à Molière lorsque la comtesse s’invente et interprète une cousine imaginaire, mais l’on pourra regretter que René Clair n’ait pas davantage exploité cette idée.


L’attraction principale du film est la grande Marlene Dietrich, alors dans sa seconde partie de carrière. En dépit de choix capillaires douteux, elle reste savoureuse – comme à son habitude – et se tire bien de ce rôle dans une "pure" comédie. Bénéficiant d’une photographie et d’une reconstitution précises et minutieuses (le film sera nominé à l’Oscar de la meilleure direction artistique), « The Flame of New Orleans » fait partie de ces œuvres sans prétention (ni grande ambition) qui fonctionnent dans leur registre et constituent un divertissement honorable.

Aramis
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le 25 juil. 2015

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