La Belle et la Bête par Francis Janvier
La Belle et la Bête est l'un des plus beaux Disney jamais fait, notamment parce qu'il déconstruit d'une certaine façon le mythe des films de princesse en présentant, au contraire de Blanche-Neige, la Belle au Bois dormant ou La Petite Sirène, un homme qui doit être accepté par une femme pour rompre le maléfice qui le rend horrible. C'est donc la Bête qui est sauvée par Belle, brisant l'archétype du Prince Charmant. De ce fait, le personnage de Belle s'en trouve renforci, en position de pouvoir. Passé le syndrome de Stockholm légèrement mal amené, le film présente surtout une très belle histoire d'amour à la morale plus que pertinente où les apparences n'ont pas d'importance, à la manière de Shrek. Cependant, la toute fin du film tranche complètement avec cette perspective, la Bête reprenant forme humaine dans une séquence magnifique mais stupide et contradictoire. Le film semblait en effet statuer qu'en amour les apparences importent peu, or quel est le besoin, dès lors que la Bête a trouvé l'amour, de redevenir humain ? Belle n'est-elle pas choquée de voir celui qu'elle est censé aimer revenir sous des traits changés ? En cela, la morale de Shrek est supérieure, Fiona décidant de demeurer une ogresse par amour pour Shrek, et étant décontenancée par la soudaine belle gueule de son mari dans le second opus. Dommage pour La Belle et la Bête, qui plombe toute la magie de son histoire avec une fin disneyenne illogique, car au demeurant il s'agit d'un film fabuleux, superbement dessiné et comportant des chansons difficilement égalables.