"La Carapate" de Gérard Oury a été réalisé en 1978 et raconte les tribulations d'un avocat et de son client, un condamné à mort sur fond des évènements de mai 68.
Je crois me souvenir avoir eu bien apprécié cette comédie échevelée dans les années 80. Quarante ans plus tard, force est de constater que j'ai dû vieillir un tantinet car ça ne me fait plus rire. A peine sourire de temps à autre sur quelques gags.
Je pense que le style du film qui se veut surfer sur une actualité - passée et peut-être encore vivace dans les esprits - mais de manière amusante voire un peu caricaturale, a du mal à passer.
Oury a dû vouloir jouer les antagonismes ou encore les paradoxes.
Par exemple, l'avocat d'extrême-gauche, dans l'illusion mais conformiste quand il s'agit de la loi, défend un criminel lourdement condamné, qui à l'écouter, rejette en bloc toutes les lois et contraintes de tout genre mais apparaît aussi comme un parfait réactionnaire. L'intention était sûrement de faire rire mais ce type de situation étant tout-à-fait possible n'a pas grand chose de drôle.
L'avocat, c'est Pierre Richard qui en fait des tonnes dans la gesticulation. C'est un comique essentiellement visuel. Le prisonnier évadé, c'est Victor Lanoux qui n'est jamais aussi bon que quand il joue les gros bras. Dans sa manière de jouer, il est certainement plus drôle que Pierre Richard. Son comique est plus de situation ou d'action.
Même chose pour le patron ou l'industriel en fuite accompagné de sa femme vers la Suisse dans sa Rolls avec tout son argent, ses lingots et ses bijoux : au delà de la caricature, c'est probablement eux qui sont les plus drôles dans la mesure où leur plan se retourne complètement contre eux. Plus ils se battent contre l'adversité et plus ils perdent d'argent.
Certaines scènes sont ratées (d'un point de vue comique) : par exemple, le déchainement de Pierre Richard dans l'appartement de son oncle qui est un peu longuet et manque de subtilité. Pourtant l'idée de la punition du père de P. Richard (R. Bussières) par l'oncle avait un potentiel qui a mal été exploité dans le scénario.
Certains gags sont réussis : la bagagerie Vuitton qui comprend même un jerrican d'essence ou bien encore la bourgeoise qui attend sur le trottoir et qui est prise pour une prostituée qui prend très cher alors qu'elle accuse un certain âge.
Au final, "la carapate" est un film qui se laisse regarder car les aventures et mésaventures s'enchainent sur un rythme rapide qui ne laissent pas de répit au spectateur . Mais il ne faut pas vouloir y trouver de la satire ou une grande finesse dans le comique comme il y a dans d'autres grands films d'Oury comme "le corniaud" ou bien "Rabbi Jacob"