Les ennuis de santé de Louis de Funès ont plongé Gérard Oury dans bien des difficultés. Après la réussite de Rabbi Jacob et le projet du Crocodile avorté, le cinéaste français s’est retrouvé bien désarmé. Il a ainsi attendu cinq ans avant de sortir un nouveau film. Pour porter son film, il s’est tourné vers Pierre Richard. Choix logique qui lui permet de poursuivre un cinéma rythmé avec un interprète bondissant. Pour La Carapate, Gérard Oury ne change pas une formule qui gagne. Il installe un duo (Victor Lanoux remplacera au pied levé Patrick Dewaere) dans un contexte historique marquant (mai 68 après, notamment, la deuxième guerre mondiale) à qui il arrive une somme d’aventures. On retrouve le thème du voyage qui porte le duo d’un en droit à un autre, mais aussi celui du malentendu.
Le résultat est très sympathique même s’il ne renoue pas avec les grands classiques de Gérard Oury. La faute sûrement à un Pierre Richard qui a moins à proposer que Louis de Funès, si ce n’est ses gesticulations et ses habituelles pitreries qui semblent montrer que le réalisateur ne le dirige pas totalement. Il faudra attendre Francis Veber pour que Pierre Richard soit parfaitement accompagné et que ses tics soient avantageusement gommés. On pourra également avancer que la reconstitution de mai 68 reste assez sommaire et que le portrait de la France traditionnelle et de celle plus révolutionnaire soit terriblement caricaturale. Autrement, Gérard Oury maîtrise plutôt son sujet, réussissant à donner un rythme alerte à l’ensemble et le nourrissant de gags amusants et de personnages secondaires franchement drôles (le couplé formé par Jean-Pierre Darras et Yvonne Gaudeau, notamment).
Si la musique signée Philippe Gérard ne vaut pas les compositions de Vladimir Cosma, on retrouve cependant l’ambiance typique des bonnes comédies françaises des années 70. Après avoir été une valeur sûre du petit écran, ce titre n’est étrangement plus beaucoup diffusé aujourd’hui. Dommage pour Gérard Oury qui, après Le Coup du parapluie et L’As des as, ne réalisera ensuite plus que des mauvais films, lesquels n'ont, assez logiquement, jamais connu les faveurs de la télévision.