Le cinéma, les films, sont des échelles. Chaque film a une hauteur particulière. Certains ne comportent qu'un barreau, certains sont semblables à la tour de Babel, nous envoient tutoyer les dieux.
La plupart du temps, honnêtement, je déteste cette échelle. Elle vous emmène généralement à mi-hauteur dans un espèce de nuage bâtard de pollution et d'emmerdement. Alors on essaie de les enchaîner, de les mettre bout à bout, pour tenter d'en sortir, mais chaque échelle est plus petite que la précédente, l'air se raréfie, ne reste bientôt que cette odeur âcre, l'impression d'avaler du jaune dans les poumons. Vous suffoquez et vous fermez les yeux, vous vous abandonnez complétement. Et vous vous réveillez au sol, l'échelle n'est plus là et 6 mois ont passé.
Et puis, certaines échelles semblent n'avoir aucune fin.
Ce film est un tour de force technique et artistique, il donne l'impression que tout le monde peut créer son propre univers à partir de rien, l'absolue maîtrise de son sujet et de son espace donne le vertige. Objet d'analyse propice aux interprétations, il est pourtant tellement au dessus de ces considérations désuètes qu'il se paye le luxe d'être un plaisir immédiat.
Un pur chef d'oeuvre.