Je me suis longtemps cru pervers. Je me dois de me l'avouer à moi même, je suis un terrible pervers. C'est vrai, ça fait pas chic de le dire ou même de le penser mais je me dois d'être franc : ça me fait plaisir de voir des femmes nues dans les films. C'est comme ça, ça me plait. Et certains films, situations, que j'aurais du ranger directement dans la catégorie de la dégueulassitude ou du rejet sont restés en moi plus qu'ils n'auraient dû.


Ce film, à cause de mes états de service, j'en ai reculé le visionnage pendant de très longues années. Des amis m'en avaient parlé comme une œuvre vulgaire, certes, mais subversives réalisé par une légende, abordant des thèmes plus large que ceux explicités. Mais j'avais peur de passer à côté de toutes ces spécificités pour ne me concentrer que sur la nudité. Et puis quand bien même, dois-je considérer ce film comme un véritable film ou comme une œuvre érotique voire pornographique ? Y a-t'il seulement une différence ?


Fort heureusement, je ressors du film l'esprit léger, aucune de ces considérations ne sont importantes à clarifier pour ce film.


Pour les chanceux qui ne l'auraient pas encore vu : il s'agit d'un film érotique mettant en scène une série de petites histoires, comme autant de court métrage qu'on aurait collé ensemble. Cette démarche, d'ailleurs, me fait regretter qu'elle ne soit pas plus courante. Les cartons qui marquent la transition entre les film, avec ici un poème, ici un texte explicatif, sont tout à fait mignon et sont probablement l'élément le plus réussi du film.


Pour ce qui est du reste, on frise quand même la catastrophe. Le concept de base est intéressant : essayer d'illustrer dans chacune des histoires une sexualité nouvelle ou plutôt, une nouvelle manière de penser la sexualité : asservissement de la femme, viol, domination féminine, plaisir solitaire, le spectre sexuel n'est pas exhaustivement exploré, mais la mise en bouche, si je puis dire, est très consistante et convaincante sur le papier.


Le premier problème vient de la mise en scène : elle est d'une platitude absolue, aucune ambition, aucune idée, aucune fulgurance ne viennent perturber ce qui ressemble, effectivement, à un téléfilm érotique.
L'autre grand naufrage du film est son montage. Là où la mise en scène surprend par sa mollesse, le montage choque par son incompétence. Non pas qu'il y ait d'erreurs formelles de montage, en tout cas je n'en ai pas clairement vue, mais le rythme insufflé, et ce quel que soit l'histoire, est catastrophique. A la fois trop court et trop long, à la fois dans l'action et dans le superficiel, le montage n'arrive jamais à donner une cohérence à ce qu'on regarde, qui fait qu'au bout du milieu du 2eme court, on a l'impression de surtout regarder une compilation de scène de nus.


Toute la production, du son a la qualité de l'image est aux fraises, les histoires sont indigentes et si j'ai dit que le concept de base était intéressant, je ne pense pas que le parti pris de montrer la dégénérescence tels qu'ils le font soient l'angle le plus approprié pour passer le message que j'espère avoir compris de toute cette indigence.


Un film qui n'arrive jamais à raconter quoi que ce soit, qui court-circuite ses courants de pensée, n'arrive pas à être excitant ni subversif, Russ Meyer did it better.

ofzzefvaovjr
3
Écrit par

Créée

le 3 sept. 2020

Critique lue 257 fois

2 j'aime

ofzzefvaovjr

Écrit par

Critique lue 257 fois

2

D'autres avis sur Contes immoraux

Contes immoraux
-Marc-
5

Violer les tabous ou enfoncer les portes ouvertes...

Le premier conte n'est pas vraiment immoral, juste coquin, fin, retors et très bien écrit: on dirait du Maupassant. Le second est beaucoup plus lourd et ne vise qu'à heurter les bigottes dans leur...

le 8 févr. 2013

8 j'aime

3

Contes immoraux
AMCHI
3

Critique de Contes immoraux par AMCHI

Une œuvre érotique qui passe pour une fadasserie de nos jours car rien de sulfureux dedans (on préférera revoir le Caligula de Tinto Brass) mais alors qu'en est-il ? Certes c'est joliment filmé et...

le 29 janv. 2016

7 j'aime

6

Contes immoraux
Redzing
4

Après le bis, le cinéma pubis

Il m'est un peu difficile de comprendre les intentions de Walerian Borowczyk, car l'époque était évidemment très différente. En effet, le cinéma érotique commence à exploser (cf. l'énorme succès de...

le 12 nov. 2023

5 j'aime

1

Du même critique

L.A. Confidential
ofzzefvaovjr
4

8.

Je suis dans un état fiévreux et j'ai peu dormi, ce qui est il me semble, un état de fraîcheur mentale parfait pour parler de ce film. Le film est symptomatique du cinéma de son époque. On est en...

le 29 avr. 2021

8 j'aime

2

Zatoichi
ofzzefvaovjr
5

6.

Zatoichi est, pour tout amateur de chambara qui se respecte, une institution. Si, assez logiquement, on peut avoir l'impression que les films de la série se suivent et se ressemblent, voire se...

le 10 sept. 2020

2 j'aime

Contes immoraux
ofzzefvaovjr
3

5.

Je me suis longtemps cru pervers. Je me dois de me l'avouer à moi même, je suis un terrible pervers. C'est vrai, ça fait pas chic de le dire ou même de le penser mais je me dois d'être franc : ça me...

le 3 sept. 2020

2 j'aime