Portrait d'une violence qui ne dit pas son nom

Chabrol analyse avec finesse la rencontre entre une riche famille bonne sous tous rapports et une employée de maison subissant, dans un quasi-mutisme, les épreuves que lui ont imposées ses origines sociales. Rien n'est visible, ce qui fait la grande force du film, mais la violence symbolique ne cesse de pointer son nez. Dissipée derrière les apparences chaleureuses et protectrices de la famille Lelièvre, la fourberie semble alors gagner le camp des plus humbles qui, au fil de leurs aventures, deviennent encore plus redoutables. Et on le comprend car, qui d'autre sinon Jeanne peut ressentir le même poids de l'existence que Sophie ? L'une est condamnée par sa réputation de mère infanticide tandis que l'autre se condamne elle-même, par un analphabétisme refoulé, à effectuer des tâches ingrates. Deux éléments indésirables, en somme, pour ces bourgeois bien rangés, dont le mépris intériorisé des plus faibles causera la perte. Car le glissement de la parole violente à l'acte violent est rapide et dès que ce passage est opéré, il n'y a aucun retour possible...

Romain_Pengam
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le 24 nov. 2019

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Romain_Pengam

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