le 20 déc. 2015
Un paquebot n'est-il pas que beau ?
Quand on regarde la filmographie du canadien Guy Maddin, il y a un désir de cinéma qui saute aux yeux : celui de créer à partir du vieux, de rendre hommage au vieux cinéma en le modifiant, en...
Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.
Précision personnelle importante au sujet du cinéma expérimental.
Il y avait quelque chose de vaguement masochiste de ma part dans cette séance, étant de nature assez frileuse quand il s'agit de se farcir 2 heures de pellicules expérimentales (l'emploi du terme "pellicule" n'est pas totalement injustifié ici). Même l'expérimental un minimum intelligible à la Kenneth Anger, tendance "Lucifer Rising", "Invocation of my demon brother" et autres "Eaux d'artifice, ne m'émeut que très peu, mais je n'avais aucunement conscience du contenu du film avant de m'y lancer. Et au final, si ce fouillis structuré doucement expressionniste ne m'a pas totalement emballé, il n'en reste pas moins fascinant sous certains aspects, dans le registre "l'effet du LSD sans LSD" (choisissez votre psychotrope préféré). Une chose est sûre : programmer la sortie de cet obscur objet du plaisir bien barré le même jour que le dernier Star Wars en France est une initiative assez osée.
Il y a un côté assez surprenant dans "La Chambre interdite", tenant principalement au fait qu'on n'est ni dans l'abstrait le plus total, ni dans le parfaitement compréhensible. Comme si les auteurs jouaient sur cette ligne de démarcation, cette zone d'inconfort, et nous y maintenaient dans un équilibre instable. On est souvent à deux doigts de perdre pied, de ne plus rien y comprendre et de lâcher prise, avant d'être soudainement rattrapé par une séquence clairement intelligible, par une référence voire un retour à une action antérieure dans le film, etc. Petit à petit, armé de ciseaux et de colle, on remet bout à bout et dans le bon ordre les fragments de ce qui ressemble à une trame narrative enfouie sous une épaisse couche de délires visuels. Précisons que n'ayant absolument rien lu avant de le voir, j’étais tout à fait ignorant du procédé, basé sur l'exploitation de scénarios de films perdus dans les limbes de l'Histoire : http://www.grand-ecart.fr/portraits/interview-chambre-interdite-films-perdus-pompidou-winnipeg-rencontre-guy-maddin
Restent des performances d'acteur hautement hétéroclites, un magma esthétique bouillonnant aux imperfections, aspérités, impuretés soigneusement travaillées. Le générique annonce la couleur d'emblée. Un vrai bordel visuel, mais un bordel très ordonné tout de même, duquel peut émerger une certaine lisibilité. Un son chaotique, souvent erratique mais parfois harmonieux, des passages endommagés façon pellicule brûlée ou qui saute, des teintes tour à tour très colorées et très fades, etc. Un vrai festival.
Mais bon, au bout d'un moment, on se lasse. Deux heures sur ce thème, c'est très long, et l'hommage perd peu à peu de sa saveur. On s'agace très vite de ne pas pouvoir lire confortablement les intertitres qui apparaissent de manière aléatoire. Et puis j'ai souvent eu du mal à faire la différence entre expérimentation atmosphérique et jusqu'au boutisme ésotérique virant à la démonstration hermétique. Un peu comme quand on traîne trop longtemps dans les couloirs d'une exposition consacrée à de l'art contemporain et rien d'autre, on en ressort éprouvé, la tête pleine de concepts qui n'ont pas cessé de tournoyer et de s'entrechoquer. On est loin d'une vidéo de huit heures en plan fixe réalisée par Warhol sur laquelle on tombe par hasard au MoMA, mais quand même.
N.B. : Le titre de cette bafouille fait référence à l'excellent (et autant expérimental qu'inclassable) album de Honkeyfinger : http://www.senscritique.com/album/Invocation_of_the_Demon_Other/5957269
[Avis brut #28]
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Projections : sensations fortes, Réalisateurs / réalisatrices de choix, Mon cinéma canadien, Top films 2015 et Avis bruts ébruités
Créée
le 13 janv. 2016
Critique lue 617 fois
le 20 déc. 2015
Quand on regarde la filmographie du canadien Guy Maddin, il y a un désir de cinéma qui saute aux yeux : celui de créer à partir du vieux, de rendre hommage au vieux cinéma en le modifiant, en...
le 22 déc. 2015
Pour des raisons qui nous échappent, certains distributeurs se sont mis d’accord pour faire sortir leur film le même jour que Star Wars, espérant probablement ramener vers eux des spectateurs...
le 28 déc. 2015
Au sortir de la séance, je me suis rendu compte que j’étais à peu près incapable de décrire ce que je venais de regarder, que des images flottaient dans ma tête éparses comme des débris après un...
le 20 juil. 2014
Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...
le 10 janv. 2015
"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...
le 8 mars 2014
Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...
NOUVELLE APP MOBILE.
NOUVELLE EXPÉRIENCE.
Téléchargez l’app SensCritique, explorez, vibrez et partagez vos avis sur vos œuvres préférées.

À proposNotre application mobile Notre extensionAideNous contacterEmploiL'éditoCGUAmazonSOTA
© 2025 SensCritique