Adapté de la nouvelle "Who goes there ?", "La chose d'un autre monde", réalisé au tout début des années 50, est aujourd'hui considéré comme un classique du cinéma de science-fiction, parfaitement en lien avec le climat paranoïaque de l'époque.
Officiellement signé du nom de Christian Nyby, dont ce serait le premier long-métrage pour le cinéma, mais plus ou moins mis en scène par Howard Hawks, également producteur, "La chose d'un autre monde" est typique des bandes du genre conçues à la même période.
La grande majorité des figures imposées y sont, allant de l'éternel opposition entre le pragmatisme militaire et la curiosité scientifique, aux longs tunnels de dialogues en passant par le gros vilain monstre pas beau ou la charmante demoiselle pas forcément utile mais comme il faut bien un élément féminin...
Ce qui différencie le film de Nyby / Hawks de ses petits camarades, c'est principalement l'ambiance plutôt tendue mise en place, décuplée par un sentiment de claustrophobie palpable tout du long, tout comme une poignée de détails franchement macabres pour l'époque.
Sûrement conscient de l'apparence banale de leur monstre (voir même carrément ridicule), Hawks et Nyby font le choix judicieux de le laisser dans l'ombre une bonne partie du métrage, de le dévoiler par touches successives, une ombre par-ci, un bras arraché par-là, et de lui donner des origines et des caractéristiques sortant un brin du lot.
Bien que ratant son final, vite expédié, et souffrant de quelques longueurs, "La chose d'un autre monde", sans être un chef-d'oeuvre du septième art, reste une série B solide au doux climat angoissant et aux dialogues bien écrits, même si John Carpenter livrera un remake largement supérieur trente ans plus tard.