La Cité interdite par Xianlo
Oui, Wicked City est noir et sulfureux, mais non Wicked City n'est pas à rapprocher d'Urotsukidoji.
Nous ne sommes pas ici dans un voyeurisme libidineux où l'histoire n'est qu'un prétexte au délire graphique de jeunes japonais frustrés (ce qui n'est pas sans intérêt!). La représentation du sexe est adulte, et quand elle passe du côté obscur elle sert juste à accompagner un univers maléfique qui hante les personnages et le spectateur.
En terme d'histoire, on assiste à une sorte de polar classique version fantastique, pas très éloigné d'une ligne "Cronenbergienne". Pour la réalisation, c'est le 1er projet ou Kawajiri a vraiment eu les coudées franches pour imposer son style. Déjà à bonne école en ayant enchaîné les postes clefs sur les plus belles cylindrées de l'époque, il n'avait alors que Lensman a son actif, qui bien que poussant les limites des productions de l'époque, n'était pas vraiment une réussite stylistique.
C'est donc ici que nous pouvions découvrir pour la première fois la quintessence de son style. Séquence d'action d'une fluidité grisante, effets filtres cinéma avec les fameuses dominantes rouges et bleus, personnages encrés façon Frank Miller, trait racé, astuces de prise de vue optique pour palier aux manques de moyen mais toujours avec des idées de mise en scène derrière...On jubile.
L'histoire et les dialogues n'inventent rien mais la réalisation les portent à des sommets d'ambiance rarement atteints. Monster CIty disposera de plus de moyen à l'intérieur du même univers, mais pas de la même efficacité narrative.
Je ne comprends pas qu'on puisse critiquer une œuvre sur son doublage français. La fainéantise des traducteurs et la faiblesse d'interprétation des doubleurs n'incombent pas à Kawajiri que je sache, si cela vous entrave à ce point, filez voir les vo et abstenez-vous de pondre une critique en attendant.
Un sommet, assurément.