Après plusieurs longs métrages aux scénarios originaux, où le réalisateur Jérôme Bonnell explore le sentiment amoureux contemporain, "La Condition" transpose le roman subversif "Amours" (2015) de Léonor de Récondo qui se déroule au début du XXe siècle.
Changement d'époque mais pas de thématique, à travers cette fresque intime au sein de la Famille Boisvaillant, notable de Province vivant dans une grande demeure bourgeoise.
Au sein de cette maison, vivent le mari notaire garant du patriarcat (colèrique et fragile Swan Arlaud) avec sa femme corsettée (dans tous les sens du terme) incarnée impeccablement par Louise Chevillotte , la mère alitée matraitante (étonnante Emmanuelle Devos), et l'une des femmes de chambre (fragile Galatéa Belugi) qui se retrouve enceinte sous les abus du maître du foyer.
Le cinéaste déploie une élégante mise en scène alternant entre gros plans sur les émois des visages et des plans plus classiques, afin de capter au mieux les différentes tensions qui s'animent dans ce huis clos à combustion lente, dès lors que "la condition" est formulée pour préserver une certaine hiérarchie qui se consume, alors qu'en secret se formentent des rapprochements inattendus sous la flamme des bougies.
Cette œuvre soignée en costumes, éclaire avec acuité les rapports de dominations sociales, et fait résonner avec une modernité singulière les bouleversements féministes contemporains, ainsi que les amours sans interdits...