Drôle de film, sorti récemment des oubliettes de la cinéphilie par ces coups du hasard dont seuls le cinéma ou la littérature ont le secret, édition blu-ray fort bien restaurée (tout comme "Chère Louise", réalisé durant la même décennie et resurgi des limbes de la malle à films à quelques années d'écart).
J'aime énormément la facture des films tournés dans les années '70, coexistence de décors surannés et hyper-contemporains (pour l'époque, car rien n'a plus mal vieilli que le design urbain de ces années là), une lumière et une pellicule au rendu si caractéristique... mais alors celui-ci...
Mise en scène, décors et atmosphère cafardeux, lumière blafarde, jeu d'acteurs neurasthénique, éloge de la sinistrose à faire passer Bresson et Pialat pour des boute-en-train genre "tire-sur-mon-doigt", sans parler de l'accompagnement musical expérimental (qui mixe minimalisme et free-jazz), qui accentue la tonalité lugubre de l'ensemble.
L'interprétation est franchement laborieuse et m'a complètement fait sortir du film (chose qui ne m'est jamais arrivée, y compris sur les séquences des films de Pialat interprétées par des acteurs non-professionnels).
Reste l'histoire : éternelle lutte entre conformisme conservateur et jeunesse spontanée et rebelle, où la victoire revient souvent de façon révoltante au camp des intolérants par un jeu de chantage affectif, culpabilisation et de soumission générale au qu'en-dira-t-on.
Le réalisateur n'invente rien mais la démonstration est efficace dans sa radicalité (l'histoire s'inspire d'un fait-divers tragique qui remonte à 1970), même si - vous l'aurez compris - ça a du mal à passer concernant la forme.
Drôle de film, vraiment...