Tourné à une époque où le film de sabre chinois était en perte de vitesse, "La Dernière Chevalerie" se veut un hommage au genre et plus particulièrement à Chang Cheh, dont Woo fut l'assistant: on y retrouve le sens du spectacle et le thème de l'amitié virile, que Woo continuera d'explorer avec des films qui deviendront ses classiques, comme "The Killer" ou "Une Balle dans la tête". 
	Sur ce thème de l'amitié, articulé autour du valeureux Chang-san, cette histoire présente des doubles inversés, en miroir: Gao Peng et Habit Vert. D'abord sympathique, au point qu'on pourrait le prendre pour le héros du film, le seigneur Gao Peng va peu à peu délaisser tout scrupule pour assouvir sa soif de vengeance, ne reculant devant rien, ni la manipulation, ni la trahison, ni le meurtre, ne recherchant l'amitié de Chang que pour se servir de lui. Même les vieux maîtres ne sont plus respectés. Au terme du film, avec sa cape noire, ses yeux cernés et son attitude alternant entre morgue et rage, il évoque clairement un vampire assoiffé de sang. Et c'est un vaurien qui deviendra un véritable ami pour Chang: Habit Vert, le tueur alcoolique, qui cache derrière sa désinvolture une âme profondément désabusée. 
	La prostituée traîtresse du début de "La Dernière Chevalerie" a elle aussi son double inversé, avec la prostituée musicienne, qui annonce clairement le personnage de la chanteuse Jenny de "The Killer" et aime sans espoir Habit Vert. Qui sait qu'il n'a aucun avenir à lui offrir, n'en ayant aucun lui-même.
	Si le film comporte quantité de scènes de combat haletantes, il se teinte donc d'une amertume certaine, qui culmine dans le dénouement. Malgré leur sens des valeurs, certains resteront d'éternels perdants.