Visconti en moins somptueux
Le film s'ouvre sur la procession du mariage de Wanrong, qui épouse Pu Yi, le dernier empereur de Chine, un être sensible et velléitaire. Enfermée dans le palais, elle le ridiculise en faisant du chantage au divorce, puis ne comprend pas qu'il la délaisse pour aller en Mandchourie, où il doit accepter de devenir le fantoche du Japon. S'ensuivent les vexations d'un pouvoir de plus en plus sous la coupe de l'armée japonaise : l'impératrice ne peut plus sortir promener ses chiens. Puis elle voit son mari partir s'humilier au Japon. Se console avec son garde du corps, dont elle tombe enceinte, ce qui entraîne l'assassinat de l'amant et du nourrisson, que l'on lui cache. Lorsqu'elle le réalise, elle perd la raison. Se concilie, dans un moment de lucidité, Yulin, celle qui l'a remplacée auprès de Pu Yi. Assiste, démente, à la procession des funérailles de Yulin, et assiste à l'arrivée de l'écolière japonaise que l'on somme Pu Yi d'épouser.
-----------------------------------------------------------
Comme "Les damnés", comme "Ludwig" de Visconti, c'est, à travers la chronique de la cour du dernier empereur céleste, l'histoire d'une personnalité lentement broyée par l'histoire, au gré d'événements qui la dépasse. La mise en scène insiste lourdement sur le poids de l'environnement : les cadrages enserrent souvent les personnages dans le décor (cadre d'une chaise, rideaux, bouddhas géants en plongée, etc... Le film se passe pour l'essentiel dans le palais (de Tianjin ?), apparemment fidèlement reconstitué, d'après un ami. Le propos est aussi nuancé que celui d'un Tsui Hark : les Japonais sont menaçants et peu amènes, Pu Yi ridicule. Le jeu des acteurs est bon, en revanche le montage est inégal, avec parfois des sautes brutales entre les scènes. J'ai vu le film à la cinémathèque dans une copie assez granuleuse, et il y avait un peu de souffle dans la bande-son.
C'est un de ces films de violence morale, dont on retient surtout les scènes chocs, comme lorsque Pu Yi fait du foot avec son épouse enceinte, ou ordonne à ses gardes de lui donner le fouet, simplement pour complaire aux Japonais.
Les décors sont somptueux, mais les mouvements de caméra sont assez académiques, avec un léger abus du zoom sur les personnages dans des moments de violence.
Ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais ça m'a donné envie de jeter un oeil au "dernier empereur" de Bertolucci, pour comparer.