Une fresque entre mythologie et Grande Histoire de L'Algérie qui retrace avec une belle efficacité un panorama cultuelle de sa capitale au temps du joug Andalou. Comment agglomérer désir d'indépendance au nom d'une souveraineté inévitable et conflit religieux au sein d'un Islam divisé dans sa conception de l'état de droit divin?
Par le prisme d'une allégorie qui concentre au sein d'un scénario qu'on imagine très documenté des éléments historiques factuels. Avec un personnage féminin qui navigue entre fantasme d'une souveraine potentiellement imaginaire et affirmation de cette même figure Cheriffaine qui passe d'un statut de subalterne devotte à Reine insubmersible par de tragiques circonstances.
Si l'on devait simplifier à l'extrême, nous pourrions supposer que celle-ci représente une part Souffiste par delà lequel L'islam des Lumières tente une interprétation modérée des préceptes Coraniques. Tandis que le guerrier combattant ayant boutte les colons espagnols hors du territoire se veut une incarnation rigoriste de cette théologie Mahomettenne. C'est l'affrontement de ces deux visions qui theorise une première indépendance Algérienne, sans préjuger de ce qu'il adviendrait bien plus tard des incompatibilités.
C'est fort intéressant dans l'ensemble, car l'ampleur romanesque du récit sied particulièrement bien au décorum historique. De même que le tournage en décor naturel magnifie de magnifiques paysages, aidé en cela par une mise en scène qui sait alterner entre dynamisme dans la fureur barbare et intimisme feutré lors des complots ourdis au palais royal. Et les comédiens possèdent le charisme nécessaire pour sublimer leurs personnages (mentions spéciales aux corealisateurs et coscenaristes, qui interprètent la reine et le tyran).
Peut-être quelques réserves concernant une violence assez complaisante qui n'est pas toujours d'une grande acuité ni d'une nécessaire utilité, bien qu'elle ait sûrement été édulcoré par rapport à la réalité de l'époque. Ainsi qu'une profusion de personnages secondaires qui déroulent des intrigues de couloir pas forcément toujours très passionnants.