Une fresque entre mythologie et Grande Histoire de L'Algérie qui retrace avec une belle efficacité un panorama cultuelle de sa capitale au temps du joug Andalou. Comment agglomérer désir d'indépendance au nom d'une souveraineté inévitable et conflit religieux au sein d'un Islam divisé dans sa conception de l'état de droit divin?


Par le prisme d'une allégorie qui concentre au sein d'un scénario qu'on imagine très documenté des éléments historiques factuels. Avec un personnage féminin qui navigue entre fantasme d'une souveraine potentiellement imaginaire et affirmation de cette même figure Cheriffaine qui passe d'un statut de subalterne devotte à Reine insubmersible par de tragiques circonstances.


Si l'on devait simplifier à l'extrême, nous pourrions supposer que celle-ci représente une part Souffiste par delà lequel L'islam des Lumières tente une interprétation modérée des préceptes Coraniques. Tandis que le guerrier combattant ayant boutte les colons espagnols hors du territoire se veut une incarnation rigoriste de cette théologie Mahomettenne. C'est l'affrontement de ces deux visions qui theorise une première indépendance Algérienne, sans préjuger de ce qu'il adviendrait bien plus tard des incompatibilités.


C'est fort intéressant dans l'ensemble, car l'ampleur romanesque du récit sied particulièrement bien au décorum historique. De même que le tournage en décor naturel magnifie de magnifiques paysages, aidé en cela par une mise en scène qui sait alterner entre dynamisme dans la fureur barbare et intimisme feutré lors des complots ourdis au palais royal. Et les comédiens possèdent le charisme nécessaire pour sublimer leurs personnages (mentions spéciales aux corealisateurs et coscenaristes, qui interprètent la reine et le tyran).


Peut-être quelques réserves concernant une violence assez complaisante qui n'est pas toujours d'une grande acuité ni d'une nécessaire utilité, bien qu'elle ait sûrement été édulcoré par rapport à la réalité de l'époque. Ainsi qu'une profusion de personnages secondaires qui déroulent des intrigues de couloir pas forcément toujours très passionnants.

Sabri_Collignon
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Le cinéma oriental,une perle, Mon panthéon cinématographique, La violence au cinéma, Les plus belles claques esthétiques et Cinéma à la marge

Créée

le 21 mai 2023

Critique lue 72 fois

3 j'aime

Critique lue 72 fois

3

D'autres avis sur La Dernière Reine

La Dernière Reine
Cinephile-doux
6

Les batailles d'Alger

Jamais, sans doute, le cinéma algérien n'avait eu une aussi grande ambition que dans La dernière reine, drame historique se situant au début du XVIe siècle à Alger, alors sous domination espagnole,...

le 26 oct. 2022

14 j'aime

1

La Dernière Reine
Soso-Marsuis-du29
4

Hamdoulah on fait des Nanars en Algérie

J'ai attendu avec impatience la projection de La Dernière Reine, un film réalisé conjointement par Damien Ounouri et Adila Bendimrad. Malheureusement, je suis ressorti de la séance désespérément...

le 24 avr. 2023

10 j'aime

6

La Dernière Reine
constancepillerault
8

Critique de La Dernière Reine par constancepillerault

La bonne surprise de la semaine que ce film, sorti (de façon pas très étendue) sans trop de publicité. Il raconte une histoire (sauf erreur) inédite au cinéma, se déroulant dans l'Algérie de 1516...

le 25 avr. 2023

5 j'aime

Du même critique

Benedetta
Sabri_Collignon
4

Saint Paul miséricordieux

Verhoeven se voudrait insolent et grivois, il n'est au mieux que pathétique et périmé. Son mysticisme atteint des sommets de kitch dans une parabole pécheresse qui manque clairement de chaire (un...

le 13 juil. 2021

36 j'aime

Pas son genre
Sabri_Collignon
7

La Tristesse vient de la Solitude du Coeur!

Lucas Belvaux,réalisateur belge chevronné et engagé,est connu pour sa dénonciation farouche des inégalités sociales et sa propension à contester l'ordre établi.Ses chroniques dépeignent souvent des...

le 4 mai 2014

30 j'aime

14

Les Délices de Tokyo
Sabri_Collignon
8

Le Triomphe de la Modestie

Naomie Kawase est cette cinéaste japonaise déroutante qui déjoue volontairement depuis ses débuts la grammaire conventionnelle du 7ème art. Elle possède cet incroyable don d'injecter une matière...

le 11 août 2015

29 j'aime

5