Une énième preuve que les échecs ne font pas un bon support de film ni de roman.

Ce film est un désespoir pour moi.


Etant un grand passionné d'échecs, autant de son jeu que de son histoire, quand je suis tombé sur ce film par hasard, oscar du meilleur film étranger, consacré par nombre de critiques, je me suis empressé de le voir. Tel ne fut pas ma déception.


J'ai avalé tout ce qui se fait en terme de film ou de livre sur les échecs, jamais un seul n'a réussi à n'être plus qu'un truc sympa au mieux, jamais rien d'autre, surement pas une grande oeuvre du cinéma ou de la littérature (ne me lancez pas sur le joueur d'échecs de Stefan Zweig ! Les gens qui ne connaissent rien aux échecs ne devraient pas avoir à écrire dessus !).


Le début de ce film fit pourtant tout pour me plaire. Très tôt on comprend que le scénariste et réalisateur, Richard Dembo, aime les échecs. Les parties sont justes et l’anecdote de la cigarette qui est célébrissime ("vous menacez de fumer et aux échecs la menace suffit") me mettaient dans de bonnes dispositions. Cerise sur le gâteau, Dembo a très bien compris que la plus grande histoire qu'on puisse inventer des échecs existe déjà, celle de Kortchnoi en 1978. Korchnoi était un gigantesque joueur d'échec, mais surtout un renégat ayant fuit l'URSS, profitant d'un tournoi en Suisse. C'était mal réfléchi de sa part, sa femme et son fils furent retenus en otage, son fils fut même envoyé au goulag pour avoir roulé un peu trop vite officiellement... Il faut donc comprendre la douleur de Kortchnoi quand pour se qualifier pour la finale face à Karpov, il trouvera sur son chemin trois autres fidèle du partie (Tigran, Polougaïevski et Spassky) dont pas moins que 2 anciens champions du monde ! Il les battra tous, avant de finalement perdre le match pour le titre face à Karpov dans une finale exceptionnelle dont nombre d'anecdote seront récupérés dans ce film.


De haut, le film va lentement sombrer vers le bas. Je pourrais vous parler des acteurs, qui n'ont rien d'exceptionnels, de la mise en scène qui à part le plan de fin n'a que peu d'inventivité ou encore du scénario qui n'a rien de bouleversant. Le vrai problème tient à son support : les échecs. Je n'ai jamais trouvé personne pour donner à ce jeu quelque chose de passionnant à l'écran ou sur papier. Rapidement les choses deviennent terriblement descriptives. Tout aussi rapidement, on comprend très bien à l'avance qui va gagner quelle partie ou encore où va le film. Il est terriblement difficile d'être surprenant. La seule manière de faire un film sur les échecs intéressant c'est de ne pas le faire sur les échecs, c'est de l'utiliser tout au plus en arrière plan. Faire un film sur Kortchnoi et son ascension vers Karpov, serait magnifique. Il y a du matériel, mais les échecs devraient presque devenir accessoire. Presque un prétexte pour parler de la vengeance d'un homme contre tout un régime assassin.


Je me désespère un peu d'un jour voir un film ou de lire un livre centré sur les échecs qui en vaille la peine.


Je voudrais féliciter au passage les nombreux branleurs (je n'ai pas d'autres mots je m'en excuse et je ne m'en excuse pas), car "m'voyez c'est un film des années 80 traitant des échecs, c'est tellement extraordinaire"... Vos arguments sont si peu nombreux que vos vraies raisons d'aimer ce film mais également d'autres œuvres similaires sont évidents à tous.


Ps : l'oscar du meilleur film étranger le plus politique de l'histoire du cinéma.

manoularcador
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le 6 mars 2018

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