Un téléfilm de luxe
Les toutes premières minutes sont tout à fait quelconque, laissons présager un film fade et ennuyeux. Heureusement qu'une fois la journaliste jouée par Keira Knightley embarque dans le yacht de...
Par
le 13 oct. 2025
6 j'aime
3
Voir le film
Au cours d’une croisière caritative, une journaliste croit discerner la chute d’un corps dans les flots nocturnes ; elle alerte l’équipage, mais nul disparu n’est recensé, nul cadavre ne remonte des eaux impassibles.
La Disparue de la cabine 10 se présente comme une œuvre de suspense maritime où l’élégance d’un yacht de luxe sert d’écrin à une angoisse subtilement distillée. Le film, oscillant entre mystère psychologique et enquête claustrale, tient en haleine et se laisse regarder avec un plaisir docile, idéal compagnon d’une soirée que l’on souhaite troublée sans être bouleversée. L’atmosphère confinée du huis clos sur les flots, délicieusement oppressante, évoque ces rêves d’opulence tournant à la dérive, où chaque murmure semble porteur d’un secret abyssal.
Le réalisateur déploie avec un soin maniaque une esthétique luxuriante et glacée : les salons du yacht, saturés de reflets et de verres taillés, composent une scène de théâtre flottante où se mêlent le raffinement et l’inquiétude. La caméra, glissant le long des coursives comme un serpent poli, épouse le trouble intérieur de la journaliste, héroïne vacillante dont le regard devient notre seul ancrage dans ce labyrinthe nautique. Cette claustration flottante, paradoxalement fastueuse, confère au récit une tension soutenue et un charme d’autant plus pernicieux qu’il s’enrobe de soie et de champagne.
Mais cette élégance visuelle peine à masquer les incohérences incommensurables d’un scénario qui, hélas, s’abîme dans des rebondissements capillotractés à l’extrême. L’épisode de l’échange — pivot supposé du mystère — relève davantage de la prestidigitation narrative que de la vraisemblance. L’esprit du spectateur, plus lucide que le film ne le souhaiterait, demeure suspendu entre scepticisme et dérision.
Quant à la passivité des personnages secondaires, elle confine parfois au grotesque : comment ne pas s’étonner qu’une femme puisse se trouver piégée sous la couverture de la piscine sans que nul convive, nul matelot, nul œil mondain ne s’en alarme ? Ce défaut de cohérence, insidieusement récurrent, fissure le bel édifice du huis clos et dilue peu à peu la tension initiale.
Bref, c’est un film honnête et ensorcelant à sa manière, un divertissement de belle facture dont le charme tient à sa mise en scène élégante et à son climat d’enfermement mondain. Il séduit sans convaincre pleinement, fascine sans troubler durablement.
Œuvre haletante mais inconsistante, elle vogue entre l’ombre et le vernis, entre la peur et la politesse — un thriller de salon, pour ainsi dire : agréable, raffiné, et aussi insaisissable que la silhouette évanouie de sa mystérieuse passagère.
Créée
hier
Critique lue 6 fois
2 j'aime
Les toutes premières minutes sont tout à fait quelconque, laissons présager un film fade et ennuyeux. Heureusement qu'une fois la journaliste jouée par Keira Knightley embarque dans le yacht de...
Par
le 13 oct. 2025
6 j'aime
3
Depuis que Hitchcock a immobilisé James Stewart derrière sa Fenêtre sur cour, le cinéphile connaît la frustration de celui qui pense être témoin d’un crime et qui ne parvient pas à intervenir. Quant...
Par
le 12 oct. 2025
6 j'aime
4 ans après The Dig (également sur Netflix), qui s'était révélé comme une jolie surprise, avec une très belle mise en scène, Simon Stone fait son retour sur la plateforme.A partir du moment où il y a...
le 11 oct. 2025
4 j'aime
1
Le film est farouchement et profondément féministe mais quoi de plus normal pour un métrage dédié à une femme extraordinaire qui a permis que l’un des droits les plus élémentaires pour elles, même si...
Par
le 24 nov. 2022
36 j'aime
4
Treize ans de longues années d’attente patiente pour un résultat aussi famélique. Commençons par la fameuse 3D, je me souviens d’un temps où les lunettes 3D étaient devenues un outil indispensable...
Par
le 16 déc. 2022
27 j'aime
Une journaliste doit réaliser une entrevue avec Salvador Dali.Qui était assez surréaliste à l’instar de l’art du peintre pour réaliser un métrage sur le maître, si ce n’est Quentin Dupieux qu’on...
Par
le 7 févr. 2024
16 j'aime
3